Dans sa nouvelle exposition au Grand Café, centre d’art contemporain de Saint-Nazaire, Adrien Vescovi, qui travaille sur le temps, le rythme et la lenteur, a choisi des installations légères, draps en coton et lin étalés au sol ou suspendus, cordages peints, coutures.
Adrien Vescovi, la couleur du temps
« Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant, et y lit en une seconde le point de la Terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre » : on pense aux premiers mots de la Recherche du temps perdu en parcourant les installations d’Adrien Vescovi, hors du temps, sur un autre rythme, détaché de l’axe habituel du passage des heures.
Son Å“uvre monumentale Slow down abstraction (2019), est un dispositif fait de grands draps, teints naturellement et cousus en formes abstraites, étalés au sol et suspendus, comme une invitation à reposer le corps, les yeux et l’esprit dans un univers de coton et de formes simples. Ses installations prennent les proportions du paysage : on y déambule en chaussettes ou pieds nus, on peut jouer avec, s’y asseoir, s’en draper, ou juste y méditer.
Adrien Vescovi, la magie du teinturier
Difficile de définir le medium de prédilection d’Adrien Vescovi : son art relève de la peinture autant que de la couture. Pour mieux dire, il est teinturier : sa véritable création, c’est celle de ces tissus lentement imbibés de pigments naturels, infusés, réduits, qui évoluent à son rythme, car les couleurs vivent aussi, se fanent, ternissent, et vieillissent.
On retrouve sous la teinture des étoffes anciennes, parfois brodées, souvent réutilisées, qui portent dans leur matière la mémoire de vies antérieures. Le teinturier est alors le magicien, alchimiste des couleurs, qui les revivifie et les transforme. Il fait d’une matière ancienne le drap, lange et suaire, d’un nouveau paysage offert aux spectateurs.