Communiqué de presse
Adrien Pécheur, Damien Aspe
Adrien Pécheur, Damien Aspe
A propos d’Adrien Pécheur
Les usagers traversent les couloirs parallèles d’une largeur qui permet aux plus fatigués de s’étendre sans gêner les autres. La monétique règle la circulation des clients et leur donne accès aux services de restauration lors de la traversée, mais paradoxalement génère un trafic de coupons sans lesquels les kiosques ambulants n’existeraient.
Ce phénomène économique crée aux heures des repas une série d’attroupements le long des secteurs vitrés, malgré le désordre apparent on n’attend pas trop pour être servi et les plats sont bien faits. Bien qu’au départ des fondations inachevées empiétaient presque totalement l’espace disponible, le secteur qui s’étend entre les buttes est aujourd’hui un territoire entièrement goudronné, cette aire a connu, lors des deux dernières années, un développement phénoménal.
Les éléments disposés sur la dalle sont des plus communs: tuyaux d’arrosage, buses d’évacuation, bureaux d’extérieur, canalisations diverses côtoyant les vieux cabanons et les réservoirs. La programmation musicale excellente par ailleurs, est crachée par des enceintes de mauvaise qualité, c’est voulu. A côté des hautes tours tertiaires, une série de petits hangars techniques dispersés, mais liés entre eux par des voies piétonnières sophistiquées donnent une silhouette mouvante à ce parc de loisirs dédié au bricolage.
Une grande enseigne de l’outillage et une entreprise de travaux routiers se sont associées dans ce projet, dominé par une infrastructure surélevée ponctuée d’ateliers qui ce sont spécialisés avec le temps, laissant aux clients le soin d’accorder leurs compétences, produisant parfois de stupéfiants résultats. Lorsqu’on vient à pied les aires libres sont rares, on ne peut plus distinguer ce qui est dû aux concepteurs de ce qui est produit par les utilisateurs.
A propos de Damien Aspe
Jouant à inverser les sens de lecture et à placer le spectateur au coeur du système informatique, les oeuvres de Damien Aspe nous offrent une vision pertinente de notre société régie par un outil qui bien souvent lui échappe. En plaçant l’outil informatique au centre de ses créations, Damien Aspe rend visible ce qui au quotidien, reste aux yeux de tous, invisible.
Abordant autant les standards actuels comme les logos USB et Bluetooth que l’univers vintage des jeux vidéos des années 1980, il impose un grand écart sémantique où ces signes que nous côtoyons quotidiennement sous leurs formes pixélisées, deviennent des objets disproportionnés en irruption dans le réel.
Le tour de «passe passe» ne se résume pas pour autant à un changement d’échelle; c’est notre entière perception d’un univers proliférant et enveloppant qui est modifiée. L’environnement produit par l’ensemble des ces pièces devient un paysage étrange et stylisé. En traitant le sujet par une facture classique, il révèle la capacité de l’art à rester pertinent par la métamorphose du virtuel au concret.
Tout le système de Damien Aspe est de mêler les deux espaces, réel et virtuel, pour n’en faire qu’un seul; l’échelle est ce qui permet de passer d’un espace à un autre, du réel au simulacre ou inversement. Il agit et interroge avec un point de vue low-tech, cette «réversion» de la réalité qui constitue l’essence même de nos sociétés de l’hypercommunication.