L’exposition « L’antidote » au Musée d’art contemporain de Lyon présente de nouvelles œuvres d’Adel Abdessemed, des installations, sculptures et vidéos aussi radicales qu’humanistes.
Adel Abdessemed, une Å“uvre radicale et humaniste
Le titre de l’exposition, « L’antidote », qui est aussi celui d’une œuvre, reprend le nom d’un bar lyonnais que fréquentait Adel Abdessemed dans les années 1990, lorsqu’il était étudiant, et où il a rencontré celle qui allait devenir son épouse et la figure centrale de son œuvre comme de sa vie. A travers ce choix de titre s’illustre la façon dont la pratique artistique d’Adel Abdessemed entremêle vécu intime et monde extérieur, expérience personnelle et dénonciation politique de l’autoritarisme et de la violence.
La pratique d’Adel Abdessemed se nourrit de références littéraires et artistiques anciennes comme moderne et use des matériaux et des médiums les plus divers comme le marbre, la résine de cannabis, les fils barbelés ou la dynamite et l’installation, la sculpture et la vidéo pour retranscrire par des œuvres fortes et percutantes à la fois la violence et la poésie du monde.
Pour Adel Abdessemed, l’art est un antidote face à la violence du monde
Tout le troisième étage est occupé par une nouvelle version de la création monumentale Shams, un ensemble englobant sculpté dans de l’argile qui met en scène des travailleurs forcés surveillés par des hommes armés. Ces figures malmenées symbolisent les pires conditions éprouvées par l’humanité, du travail le plus éprouvant aux guerres. Façonnées dans une terre non cuite, elles sont vouées à une destruction rapide et doivent être recréées à chaque exposition, rappelant ainsi les passages de la Bible et du Coran qui soulignent que l’homme n’est que poussière…
Avec les Å“uvres Aïcha et L’antidote, c’est à l’échelle de l’intime que revient Adel Abdessemed avec une sculpture à l’échelle 1/2 du bar lyonnais L’antidote dont le mobilier est maintenu en l’air par une soufflerie, et la maquette, telle une maison de poupée, d’un café-hôtel-restaurant situé près du domicile parisien de l’artiste. Ici l’expérience personnelle nourrit une réflexion universelle sur l’importance de la convivialité et de l’amitié. L’Antidote, plus que le simple nom d’un bar, est celui que représente l’art face à la brutalité du monde actuel, pour un artiste chez qui l’art est une expérience vitale qui rend possible le salut de soi et de l’humanité.