C’est un bateau qui part pour Tataouine I Il est chargé de nombreux malheureux I C’est à Panam’ ayant perdu courage I qu’ils se sont tous dit adieu…
ADAMI a touché à l’art de la peinture, de l’écriture avec plusieurs pièces de théâtre, du moulage, du vitrail, de la sculpture, du cinéma. Artiste, braqueur, faussaire, on le retrouve aussi bien au Grand Palais, où il expose en 2018, qu’à Fleury-Mérogis ou à la Maison d’Arrêt d’Auxerre, où il a réalisé des fresques invitant au voyage, pendant ses incarcérations.
La poésie de l’espace vide
De ses années « à l’ombre », en prison, ADAMI garde le goût des grands formats, des fresques, des Å“uvres in situ. Sa peinture s’est rapidement libérée de la recherche formelle pour aboutir à une abstraction libératrice, forte et colorée, inspirée de Mark Rothko, de Jean-Michel Basquiat et de Barnett Newman. C’est au cours de son incarcération qu’il expérimente le street-art, le trait libéré du support, qui s’enfuit sur les murs et clame son indépendance.
« Je prends un marqueur et je caresse le support : la ligne a du sens. Tout de suite, elle fabrique le volume, sa fonction doit entourer, on n’est pas dans une esquisse et l’on comprend ce qui se passe. Un trait rouge ou bleu ce n’est pas un croquis » explique-t-il. Le trait, le blanc, la couleur, prennent avec lui une densité symbolique, créent un univers onirique où l’artiste s’échappe avec le spectateur, « où le probable devient possible », comme dans un conte de Lewis Caroll.
C’est dans l’ombre carcérale qu’ADAMI fabrique la couleur, et dans le mensonge de l’art qu’il révèle sa vérité. Le blanc devient dans ses Å“uvres une couleur, la plus riche de toutes, et l’espace vide se charge de sens.
Artiste-cambrioleur
Condamné en 1986 comme braqueur à main armée et faussaire, puis pour récidive en 1992, pour faux administratifs, ADAMI a eu un parcours hors-norme, qui l’a mené de Fresnes et Fleury-Mérogis jusqu’à la galerie Couteron, dans le XVIe arrondissement. La prison a été pour lui une école et un révélateur, une bibliothèque pour ce « poète maudit » de l’art, à la fois bandit et peintre abstrait.
Les titres de ses Å“uvres exposées dans « ADAMI-peinture abstraite » évoquent un point de vue critique, teinté de cynisme et de mélancolie, sur le monde « de l’extérieur » : La Cène, Art mécanique, Voyeurs, Tendresse, Décoder, Cam in color. Il y a, dans ces titres et dans ces couleurs acryliques qui déchirent la toile, une forme de rédemption, tout autant qu’une transgression.