Bernard Frize
Ad Nauseam
Depuis la fin des années 1970, Bernard Frize a élaboré une oeuvre considérable qui a fait l’objet de nombreuses expositions à travers le monde (dont celles au Musée Morsbroich de Leverkusen, 2010, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris/Arc, 2003, au S.M.A.K, 2002 et à De Pont, 1998). Cette année, il est le lauréat du prix Fred Thieler en Allemagne et la Berlinische Galerie lui consacrera une exposition en mars.
Interrogeant les processus de la création picturale, Bernard Frize a recours à différentes méthodes qui évoquent la production industrielle moderne, nous rappelant que la signification n’est pas donnée, mais qu’elle se construit. Fondés sur un principe séquentiel, ses tableaux sont autant de dispositifs explorant les conditions mêmes de leur apparition, issus de l’exécution d’une peinture en quelque sorte automatique, «sans auteur». Telles des partitions formelles et conceptuelles, les peintures de Bernard Frize résultent de performances aux règles du jeu précises, selon une structure prédéterminée, qui autorisent aussi le hasard.
L’exposition «Ad Nauseam» réunit vingt toiles inédites dont dix-sept récentes se situant aux confins de la représentation et de l’abstraction.
 La toile panoramique Paravent, 2010, a été réalisée à six mains opérant simultanément un modèle d’entrelacs de lignes et de noeuds. Elle suggère un motif de grillage tout autant qu’une variation sur le thème de la grille moderniste. Ainsi, l’oeuvre Armen, 2001, montrée dans la même salle, pourrait être aujourd’hui interprétée sous un angle narratif.
Brosses circulaires apposées sur la toile, traces sur des peaux de cuir retourné et impressions de corps révèlent dans un même geste créatif la complexité de l’empreinte et la fugacité de l’image.

Une sensualité et une beauté évidente découlent paradoxalement d’un mode d’élaboration froid et mécanique. Bernard Frize rend ainsi visible et palpable l’économie de la peinture en posant l’idée comme préalable à toute action picturale.