Sarah Fauguet & David Cousinard
Acid Rain
Le travail de Sarah Fauguet et David Cousinard s’inscrit habituellement dans un va-et-vient formel entre des dispositifs architecturaux, du mobilier, et des motifs ornementaux. Le cinéma, et particulièrement les problématiques liées au scénario et au décor, rentrent également en jeu dans la manière dont les artistes abordent leurs pièces.
Spécialement produite pour leur exposition à In extenso, Acid Rain est une sculpture conçue à l’échelle du lieu. Privilégiant une forte ambigüité entre objet sculptural et environnement, l’œuvre se déploie dans la totalité de l’espace comme une sorte de «préfiguration de paysage» à l’adresse du corps du spectateur, lequel sera pris entre le désir de contempler et celui de pratiquer l’objet.
L’œuvre joue de son ambivalence entre installation, sculpture praticable et maquette, géométries, échelle, systèmes constructifs et développement spatial qui s’organisent autours de ce double jeu de points de vue, qu’offrent l’expérience physique de l’espace d’exposition et la large vitrine (un écran) de la galerie.
Comme souvent dans leur travail, cette nouvelle installation agit sur plusieurs niveaux de compréhension. Très vite après l’expérience physique et esthétique, toujours très forte dans la pratique des deux artistes, des éléments de l’ordre du ressenti émergent, des histoires se mettent en place, sans vraiment les saisir, on reconnaît des choses. Là , une structure en bois autoclave — matériau communément utilisé pour les terrasses et les jardins — nous renvoie à l’idée de propriété, de construction pavillonnaire, de standards…
En fait, c’est notre histoire qui est mise en jeu, notre histoire à l’intérieur de celle du monde, comme notre mémoire individuelle est mise en perspective de la mémoire collective, nourrie par les multiples références que le duo aime à mettre en place. Un art d’hybridation où l’ornement croise l’architecture, l’histoire, la culture cinématographique, la culture ancienne et les codes de la science fiction. Toutes ces références nous transportent dans un univers stimulant l’imaginaire et, en même temps, dans lequel raisonne fortement le monde d’aujourd’hui.
On peut dire que le travail de Sarah Fauguet et David Cousinard agit sur le spectateur par infiltration, à la manière d’une «inquiétante étrangeté», une pluie acide…