Saâdane Afif, Bernard Calet, Jean-François Courtilat, Béatrice Dacher, Michel Gerson, Jacques-Alexandre Gillois, Jean-François Guillon, Olivier Heinry, Bérénice Merlet, Sébastien Pons, Romain Rambaud, Carole Rivalin, Emmanuel Saulnier.
Accrods & désaccords
A la fois fragiles, grandiloquentes, réceptacles de nos pensées, les sculptures présentées à l’Atelier vont surprendre. «La sculpture donne de l’âme au marbre», écrit François-René de Chateaubriand, elle donne également de l’âme à d’autres matériaux…
A propos d’Olivier Heinry
Olivier Heinry est né au moment même où les avant-gardes agonisaient sous le sourire ironique de Marcel Duchamp. On célébra les obsèques de l’oeuvre autonome en inventant un prétendu concept historique pour décrire le nouvel état des choses: postmodernisme.
Lorsque Olivier entra à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes dans les années 1980, on parlait déjà depuis quelques années de pluralisme en art, opposé au «dogmatisme», à l’intolérance des avant-gardes; la critique anglo-saxonne annonçait la disparition de critères d’appréciation esthétiques intrinsèques à l’oeuvre: on privilégiait désormais des critères extra-esthétiques; le marché explosait; de nouvelles figures faisaient leur apparition sur la scène artistique, héritières pour la plupart d’un minimalisme et d’un conceptualisme déjà institutionnalisés par ceux-là mêmes qui prétendaient critiquer l’institution artistique.
Cette décomposition générale, si elle s’accompagnait d’une liberté, celle de l’art devenu facile et, par un paradoxe apparent seulement, extrêmement difficile, elle laissait aussi l’apprenti artiste démuni: sans règles, pouvant faire n’importe quoi. Tout dépendrait désormais de deux facteurs: la volonté et l’affirmation d’une nouvelle immédiateté.
Celle de l’image, du matériau, de sa transformation, le processus matériel de fabrication et ses traces dans le produit devenant le signe de bon aloi d’un refus de toute esthétique affirmée et la preuve en même temps qu’il y avait toujours de l’art (de la liberté). Cela s’inspirait en fait de l’esthétique commerciale (B.D., pub, cinéma, mode, etc.– le pop art avait ouvert la voie), avec un accent sur les technologies, la participation du public, le format spectaculaire, la frontalité, la lecture facile…
C’est dans ce difficile contexte historique qu’Olivier Heinry explore le matériau (en admirateur de Rauschenberg): le noir et le blanc, l’acrylique sur papier ou sur toile, la pixellisation, qui lui a donné l’idée de la perforation, celle-ci de l’emploi des confettis qui en résultent pour fabriquer des sculptures, le tout selon une chaîne de production en constante évolution. Olivier fait. Dans l’atelier du matin au soir, il ne s’interroge pas sur la valeur artistique du résultat mais sur la manière de continuer. Il travaille.