Florian et Michaël Quistrebert
Abstract Lady Guardian
Florian et Michaël Quistrebert manient simultanément la peinture, le dessin et la sculpture. Leurs oeuvres créent une collision de styles marqués comme la peinture romantique, le collage du début du 20e siècle, la gravure du 19e siècle, l’esthétique rock des années 70, la sculpture hétéroclite des années 2000… Autant de références qui mêlent styles antérieurs et actuels pour mieux générer un univers singulier. Sans nivellement ni amnésie, les artistes digèrent l’histoire de l’art et la culture populaire pour créer des oeuvres au fort pouvoir de fascination.
Pour leur exposition à 40mcube, Florian et Michaël Quistrebert proposent un projet ambitieux regroupant des oeuvres inédites produites à cette occasion. «Abstract Lady Guardian» s’offre au regard comme un monde à la fois inconnu et étrangement familier. Les peintures sont autant inspirées du classicisme du 19e siècle que des visions hallucinées de William Blake, les sculptures en bronze à l’iconographie fantastique prennent une facture dix-neuvièmiste, les dessins aux formes géométriques abstraites trouvent leur origine dans les peintures murales ornant certaines salles des catacombes de Paris… Les deux artistes réalisent ainsi une exposition polymorphe dont la diversité des formes accentue le dialogue entre les oeuvres.
Car au-delà d’une première contemplation, une seconde lecture des oeuvres et de l’exposition est perceptible. «Abstract Lady Guardian» est sous tendue par une narration reprenant un personnage récurrent dans le travail de Florian et Michaël Quistrebert. Pris d’angoisses face à la peur de l’inconnu et du noir, ce personnage ne trouve l’apaisement que dans la lueur d’espoir que sont les apparitions d’un visage de femme entrevu dans le paysage. Il devient le Gardien de cette entité féminine diffuse que l’on retrouve cachée dans la matière des peintures réalisées pour l’exposition. Placées dans un tel contexte fictionnel, les oeuvres peuvent être vues sous l’aspect d’éléments d’une mythologie qu’il nous faut décrypter et reconstituer, aidés par les multiples références disséminées.
La diversité qui caractérise le travail des deux artistes (diversité des styles, des supports, des références) permet un développement vertigineux de l’histoire qui unifie l’ensemble des oeuvres. Aussi perceptible qu’indicible, «Abstract Lady Guardian» est une exposition qui oscille entre macrocosme et microcosme. Florian et Michaël Quistrebert y oeuvrent en démiurges dionysiaques, maîtres d’un monde qui suscite tour à tour la curiosité, l’étonnement, la peur, l’effroi ou l’émerveillement.