ÉCHOS
21 Mar 2011

Abou Dhabi censure les nus de Cranach

PElisa Fedeli
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Depuis l’annonce de sa création, l’antenne du Louvre à Abou Dhabi ne cesse de susciter l’opposition. Outre la question de la marchandisation des œuvres, il y a celle de la censure. Dans un pays où la représentation du nu est un tabou entretenu par la croyance religieuse, comment exposer la peinture occidentale dont c’est un genre privilégié?

Alors que le Louvre avait assuré qu’il n’y aurait aucune censure dans le choix des œuvres, un fait rapporté par La Tribune de l’art laisse présager du contraire: «Au mois de novembre dernier, les quelques acheteurs du Monde à l’aéroport d’Abou Dhabi pouvaient constater avec surprise que l’appel à mécénat pour l’achat des Trois Grâces (de Cranach) publié par le Louvre était vigoureusement barré de noir à l’emplacement des fesses, des sexes et des seins des trois indécentes jeunes femmes».

Que la croyance religieuse entretienne des tabous, comme la représentation du nu, n’est pas l’apanage de la culture musulmane. Dès le XVIè siècle à Rome, les papes ont ordonné de voiler les parties intimes de personnages peints ou sculptés. L’exemple le plus mémorable est celui de Daniele da Volterra, surnommé «Il Braghettone» parce qu’il avait recouvert toutes les représentations de sexes masculins dans la Chapelle Sixtine sur ordre du pape Paul IV.

Le projet du Louvre Abou Dhabi repose sur un paradoxe: il s’agit d’importer l’art occidental et ses sujets, parfois osés, dans un pays qui ne peut les partager du fait de sa culture ancestrale.
Il semble dès lors impossible de trancher, sans offusquer les uns ou les autres.

Lire sur paris-art.com:
Une interview sur l’art et la censure
Mécénat pour Les Trois Grâces de Cranach

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