Alors que le Louvre avait assuré qu’il n’y aurait aucune censure dans le choix des œuvres, un fait rapporté par La Tribune de l’art laisse présager du contraire: «Au mois de novembre dernier, les quelques acheteurs du Monde à l’aéroport d’Abou Dhabi pouvaient constater avec surprise que l’appel à mécénat pour l’achat des Trois Grâces (de Cranach) publié par le Louvre était vigoureusement barré de noir à l’emplacement des fesses, des sexes et des seins des trois indécentes jeunes femmes».
Que la croyance religieuse entretienne des tabous, comme la représentation du nu, n’est pas l’apanage de la culture musulmane. Dès le XVIè siècle à Rome, les papes ont ordonné de voiler les parties intimes de personnages peints ou sculptés. L’exemple le plus mémorable est celui de Daniele da Volterra, surnommé «Il Braghettone» parce qu’il avait recouvert toutes les représentations de sexes masculins dans la Chapelle Sixtine sur ordre du pape Paul IV.
Le projet du Louvre Abou Dhabi repose sur un paradoxe: il s’agit d’importer l’art occidental et ses sujets, parfois osés, dans un pays qui ne peut les partager du fait de sa culture ancestrale.
Il semble dès lors impossible de trancher, sans offusquer les uns ou les autres.
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