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Abductions — L’œuvre et son interprétant

Les essais réunis ici ont été réalisés pour des catalogues, à la demande de conservateurs de musées, de directeurs de centres d’art ou de fonds régionaux d’art contemporain et aussi directement d’artistes. Les textes n’ont été écrits qu’au terme d’une longue fréquentation des artistes.

— Auteur : Christian Besson
— Éditeur : Musée d’art moderne et contemporain, Genève
— Année : 2006
— Format : 17 x 24 cm
— Pages : 320
— Illustrations : Noir et blanc
— Langue : Français
— ISBN : 2-940159-37-8
— Prix : 25 €

Présentation
Le titre de ce recueil a été choisi pour son opacité, non sans amusement. Il a ainsi le mérite de ne pas risquer de passer pour un quelconque mot d’ordre ! Il provient de Charles Sanders Peirce, le fondateur de la sémiotique, qui l’inventa entre de nombreux autres néologismes dont il se rendit coupable. Abduction désigne chez lui la forme d’inférence — distincte de la déduction et de l’induction — que l’on fait lorsque, partant d’un constat singulier, on suppose qu’il pourrait être un cas relevant d’une règle plus générale. Umberto Eco a attiré l’attention sur l’importance de cette sorte d’hypothèse selon laquelle le sens pragmatique repose sur des présupposés d’ordre inférentiel. Le raisonnement par abduction, décrit par les sémioticiens, régit en particulier la méthode indiciaire des historiens — celle d’Aby Warburg ou celle de Carlo Ginzburg.

Chacun des essais recueillis dans le présent volume part d’un détail qui a retenu l’attention: l’usage commun à Mario Merz et aux futuristes de certaines formes, sortes de chiffres de la création ; l’indexation indéfinie des écrans de Cécile Bart proposée comme version visuelle d’une logique du vague ; les problèmes d’enveloppe et d’épaisseur dans les oeuvres de Hubert Duprat, ouvrant sur des considérations géologiques ; l’érection de l’éclairage chez Michel Verjux, comme allégorie moderne ; le désoeuvrement, comme forme inattendue de souveraineté, chez John M. Armleder ; deux citations de Céline dans les carnets de Richard Fauguet, conduisant à Bakhtine et au dialogisme ; deux titres d’oeuvres de Gottfried Honegger, renvoyant à une forme renouvelée de religion de l’art ; ce qu’avaient de commun les postures de l’usager du Site de David Boeno et de l’humaniste de la Renaissance ; le terme «gastrosophe» appliqué à Daniel Spoerri, le rattachant à une tradition où se rencontre Rabelais ; une déclaration de François Morellet sur son incroyance, fil conducteur insoupçonné de ses revirements apparents ; la diversité même des moyens d’expression employés par Peter Downsbrough, comme principe moderniste de traductibilité généralisée ; un curieux texte sur le théâtre mis dans un catalogue par Patrick Saytour à qui il était demandé tout autre chose ; le mot «ventilation» employé par Daniel Dezeuze à l’époque du reflux des idéologies.

L’entreprise en son entier développe de la sorte les intuitions les plus fertiles de la microhistoire; engagée dans le refus de la critique de circonstance, elle est une vive défense et illustration de la méthode monographique.

L’auteur
Christian Besson est responsable de la coordination de la recherche à l’École Supérieur des Beaux-Arts de Genève.

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