Aaron Flint Jamison
Aaron Flint Jamison
Aaron Flint Jamison démontre que l’acte d’éditer peut-être intransitif — sans objet — mais pas nécessairement autoréflexif. Il le fait non seulement avec la splendide revue Veneer; mais également dans ses œuvres — qui éventuellement intègrent ses publications (A Floating Brand, 2012).
Mais si les mots manquent c’est aussi que jusqu’à présent ont manqué les occasions de voir ses œuvres. Gageons qu’un tel manque sera très vite rattrapé.
Aaron Flint Jamison par Véronique Bacchetta, directrice du Centre d’édition Contemporaine, Genève:
«Le travail de Aaron Flint Jamison se décline comme autant de réflexions sur l’objet: un assemblage, une pièce de mobilier, une affiche ou une publication, où le rapport entre représentation, production, fonctionnalité, présentation et diffusion est poussé à l’extrême de sa simplicité, de son évidence et de son impact. Chaque objet concentre un potentiel aussi bien technique, esthétique qu’une précision conceptuelle. Aaron Flint Jamison se situe entre l’artiste et le technicien, l’artisan et l’inventeur. En effet, pour sa revue Veneer ou d’autres publications, les modes de production et de diffusion se rapprochent des pratiques artisanales, d’un savoir faire manuel et d’une distribution lente, de proximité ou postale, ou de celles plus libérées des contraintes matérielles, électroniques, qui permettent une propagation infinitésimale, et «rhizomatique».
Veneer a débuté en 2007, paraît deux fois par an et ne se déclinera pas au-delà de 18 numéros. Aujourd’hui la série en est à sa 8ème étape. Chaque numéro est tiré à 300 exemplaires, jamais plus. Cette série trouvera sa place une fois terminée dans une bibliothèque miniature dessinée et réalisée par Aaron Flint Jamison lui-même. Toute nouvelle version de Veneer est particulière dans la forme — façonnage, typographie, mode d’impression, pagination, couverture, reliure —, toujours inspirée par le contenu: textes d’artistes, de scientifiques, statistiques, rééditions d’interviews, traductions, tout en gardant une cohérence avec la série (format). Certains numéros sont «fait main», avec l’aide d’amis ou de collègues et offrent un ensemble très riche de propositions éditoriales, techniques, ludiques qui déclinent les transformations du livre lui-même: pages collées ou imprégnées, couverture déchirée, inserts de petits carnets ou de cartes postales. D’un numéro à l’autre, cette publication reste en mouvement, en vie, toujours source de nouvelles idées éditoriales.»