L’exposition « A World Not Ours » à La Kunsthalle Mulhouse réunit les œuvres de plus de vingt artistes contemporains autour de la crise des réfugiés. Photographies, vidéos, installation, sculptures et performances proposent une immersion dans le quotidien des migrants, en même temps qu’ils élargissent la vision pour saisir toute la complexité de la situation.
« A World Not Ours » : une vision élargie de la crise des réfugiés
Le premier volet de l’exposition, présenté l’été dernier sur l’île grecque de Samos, s’intéressait au voyage même des migrants, aux périls qu’ils rencontrent, à leur expérience de la fuite et à l’économie illégale qui conditionne leur exode et les maintient dans la précarité. Avec le second volet, l’exposition « A World Not Ours » vise au contraire à explorer ce qui précède et ce qui suit l’épisode de migration. Les œuvres élargissent une vision de la crise des réfugiés souvent réduites aux images de bateaux de fortune, de naufrages ou de tentatives de passage de frontières.
L’exposition rassemble des œuvres de plasticiens, de photographes, de cinéastes et de militants qui sont pour la plupart eux-mêmes issus des régions de conflits fuies par les migrants, du Moyen-Orient et de l’Europe du Sud-Est. Tous tirent de leur expérience personnelle de la guerre, du traumatisme, de l’exode et de la souffrance collective la matière de leur création.
D’Aslan Gaisumov à Azra Akšamija, des artistes issus des zones de conflits
La vidéo Volga, réalisée en 2015 par Aslan Gaisumov, est une œuvre partiellement autobiographique à travers laquelle ce jeune artiste et réfugié tchétchène replonge dans le conflit qui a déchiré son pays. A travers un style poétique, Aslan Gaisumov filme la fuite des familles et surtout explore la perte d’identité qu’entraîne la guerre. Lorsque tout s’organise autour de la survie, les constructions symboliques traditionnelles se fragilisent voire disparaissent mais Aslan Gaisumov fait de la figure du réfugié le garant de la pérennité de son peuple.
Les sculptures en plâtre de Sven ’t Jolle intitulées Sans papiers sont inspirées de statues votives issues de l’antiquité moyen-orientale et reprend les traits de statues aujourd’hui visibles dans des musées européens. A travers cette œuvre, l’artiste belge évoque la question du pillage archéologique des pays du Moyen-Orient par les pays occidentaux. L’œuvre Yarn-dez-vous est un projet en cours débuté par Azra Akšamija en 2014 : elle consiste en une pièce textile amenée à grandir, faite de tissus provenant du Moyen-Orient et des Etats-Unis, amenés par des participants de diverses origines, de façon à créer une cartographie de leurs identités, de leurs migrations et de leurs rencontres.