Dennis Adams, Dove Allouche, Kerstin Brätsch & Debo Eilers, Pierre Leguillon
A vue de pied, Ã vue de nez
Dans le cadre du programme «Art & Archéologie», le Frac Aquitaine présente «À vue de pied, à vue de nez», une exposition vraiment underground activant à travers la pratique de quatre artistes, une mémoire géologique, archéologique, artistique et humaine. L’exposition s’articule autour des œuvres du Frac Aquitaine de Kerstin Brätsch & Debo Eilers et, de Pierre Leguillon, de nouvelles productions de Dove Allouche complétées d’un dépôt du Cnap de Dennis Adams et d’un prêt du musée d’Aquitaine.
Sous l’apparence claire et rationnelle des éléments du monde et que la lumière nimbe régulièrement de façon rassurante, existent des centres plus obscurs, à l’origine de nos ignorances, nos oublis ou de nos désordres. Des espaces comme des temps écartés, délaissés quand ils ne sont pas minimisés, desquels les artistes tentent d’extraire une mémoire enfouie, un passé refoulé, pour engager une lecture à rebours. «Flash-forward» et sondage par le sol.
D’ordinaire, l’Homme se voit tel qu’il est, ou tel que son reflet dans le miroir lui apparaît, plus rarement tel qu’en lui-même. L’observer d’un point de vue plus souterrain fonderait alors une nouvelle introspection: celle qui consiste en un acte exploratoire par l’intériorité des profondeurs (grotte, cratère, égouts, etc.) s’illustre depuis plusieurs années à travers la démarche entreprise par l’artiste Dove Allouche.
Observation de soi et connaissance des autres par l’intermédiaire des legs de l’histoire est l’expérience menée par André Malraux avec son fameux «Musée imaginaire», vaste atlas de la sculpture mondiale et que l’artiste américain Dennis Adams campe au milieu d’un sol parsemé de reproductions pour jouer au «choc des cultures» par télescopage et syncrétisme, entre raison et dérèglement.
Avec La Grande évasion 2, Pierre Leguillon procède à la révélation d’un ensemble d’images contenues dans des boîtes métalliques qu’il extrait pour les placer à terre. En optant pour une mise en scène précise de ces images, l’artiste révèle leur mouvement qui déplace les lignes et considère une dynamique multipiste.
Mettre en œuvre un rituel symbolique pour célébrer le mythe de la jeunesse éternelle, telle est la volonté artistique de Kerstin Brätsch & Debo Eilers avec Kaya Aquitaine, un hommage singulier au corps adolescent de leur amie Kaya, avant son passage à l’âge adulte.
L’exposition «À vue de pied, à vue de nez» voudrait produire une lecture primitive et intuitive plus ouverte aux affects et aux sentiments qu’aux théories scientifiques liées au champ de l’archéologie. Une exposition incantatoire plus proche des profondeurs que des a(l)ttitudes. Un lyrisme que rappelle la présence d’une pièce archéologique empruntée au musée d’Aquitaine pour l’occasion.