Communiqué de presse
Cyrille André
À-Venir
Diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Grenoble, Cyrille André s’est d’abord fait connaître par son travail en taille directe de troncs d’arbres à la tronçonneuse. Souvent inspiré par les comportements sociaux, il utilise pour traiter ces sujets la métaphore animale ou monumentale. A travers ses œuvres aux formes brutes, réduites aux lignes essentielles, il rend avec justesse le sentiment qu’il souhaite incarner.
Pour sa troisième exposition à la galerie Pièce Unique, l’artiste s’intéresse à la figure de l’enfant. L’enfant comme futur adulte et comme personnification de la sincérité et de la spontanéité. Le «À-venir» renvoie aussi au terme juridique qui désigne «l’acte par lequel un avoué invite l’avoué de la partie adverse à venir à l’audience du jour fixé, pour conclure et plaider».
L’Enfant Boudeur présenté à la galerie la Pièce Unique exprime par sa posture, son mécontentement vis-à -vis de certains phénomènes de notre société, et en particulier les rapports de force et de violence que les adultes entretiennent trop souvent entre eux. Cet enfant aux dimensions démesurées, semblable à un jeune géant, nous rappelle l’imagerie fantastique et inquiétante des contes populaires. La couleur grise dont il est paré, symbolise son état transitoire, le passage de l’enfance — à laquelle est habituellement associée la couleur blanche — à l’âge adulte. Le gris est aussi une couleur sacrée dans la symbolique orientale : dans la religion Hindoue c’est la couleur de la fumée d’encens qui s’élève vers le ciel transportant avec elle les prières des hommes.
En écho à cette pièce monumentale, le groupe Les Têtes de Lard présenté à la Galerie Pièce Unique Variations met en scène un trio d’enfants dont l’attitude manifeste la contrariété.
Les Å“uvres A001-F10 et 9.3 se rapportent à la notion identitaire, à l’appartenance territoriale et sociale des individus: Les chiffres A001-F10 qui donnent le titre à la tête de bois, couchée et en partie brûlée, font référence au numéro inscrit sur les papiers d’identité. Le traitement de cette Å“uvre dont les lignes ont été effacées par le feu, est une référence à l’association faite dans la terminologie d’Afrique du Nord entre le mot «migration» et le verbe «brûler»: «Quand on migre on « brûle » sa vie, ses papiers, pour aller vers une nouvelle vie».Â
L’œuvre 9.3 représente un adolescent en capuche, attribut privilégié des jeunes issus des banlieues. Le titre reprend la manière dont ces jeunes nomment leur département (93), une codification qui met en exergue leur besoin d’identification et de valorisation du groupe auquel ils appartiennent. Ce personnage à capuche est revêtu d’une douce et soyeuse peau de chevreau; l’artiste révèle ainsi la dimension infantile et fragile de cette jeunesse généralement stigmatisée pour sa violence et son agressivité.
Vernissage
Jeudi 16 décembre 2010. 18h-20h30. En présence de l’artiste.