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A summer of sorts for broken painters

Une salle de classe, des tables, des chaises et une grande baie vitrée en guise de mur : ce décor est la base commune de This et de That, qui se font face dans la galerie.
Dans le premier tableau, trois personnages miniatures prennent place sur les tables que l’un d’eux balaie, sous des formes indéterminées et colorées en suspension. Dehors on aperçoit, en bordure d’un champ enneigé, des maisons  irisées de jaune, bleu et rouge par le soleil levant. En réponse, les trois couleurs primaires prennent place dans le second tableau du diptyque, dans un clin d’œil à Mondrian : la baie vitrée de That s’orne de trois carrés de verre coloré.
A la surface des tables, cette fois, des cygnes nagent sous des fleurs flottantes. Le décor extérieur change lui aussi, une usine et sa fumée sombre remplace le champ blanc. L’intérieur de la salle semble surexposé, et donne au tableau des airs de négatif de This.

Si Henrik Samuelsson se revendique peintre, sa pratique s’ouvre volontiers en proposant des ponts vers d’autres arts. Dans ses tableaux s’ajoutent à la peinture le dessin et le collage. Plus encore, le jeu entre l’éblouissant et le sombre qui s’alternent entre This et That évoque des techniques photographiques.
Enfin, ses toiles ont des airs de cases de bandes-dessinées, les bulles en moins. Une ouverture qui trouve son inspiration chez Marcel Duchamp, de qui Henrik Samuelsson retient particulièrement la capacité à se créer un espace de liberté.

Les quatre autres tableaux, plus petits, A Lost Spring at the Edge of a Big Mess, A Melted for a Cold Mirage, A summer of Sorts for Broken Painters et A Silent Autumn for Repaired Sounds fonctionnent comme une série : dans tous on trouve des personnages encapuchonnés et sans visages. Ils ont l’air de hanter les habitations vides dans lesquelles ils se trouvent, l’air de présences presque fantomatiques. D’autant plus que l’un d’eux est transparent et qu’un autre semble ne pas toucher le sol avec ses pieds.

L’ensemble des œuvres instaure une dialectique entre intérieur et extérieur. Le point de vue se place toujours à l’intérieur, mais les espaces ne sont jamais fermés: dans chacune des toiles des portes, des fenêtres, des vitres, permettent aux personnages et au regard d’entrer et sortir.

A Melted for a Cold Mirage complexifie la dialectique en proposant un curieux jeu de dédoublements et de reflets, un “mirage”. Un des personnages pointe son doigt vers un étrange insecte volant, tandis qu’un autre qui lui ressemble beaucoup fait le même geste dans ce qui pourrait être à la fois un miroir et un écran, vers un insecte similaire derrière une vitre — ou, là encore on hésite, un écran, voire même un miroir.
Pour parfaire son mirage, Samuelsson fait un deuxième clin d’œil, à Magritte cette fois : le paysage de montagne qu’on aperçoit dans l’encadrement d’une porte se poursuit sur l’écran (ou le miroir) derrière le second personnage. Intérieur et extérieur sont alors indifférenciables et interchangeables, l’espace n’est ni intérieur ni extérieur, ou il est les deux à la fois.

Henrik Samuelsson
This, 2007. Technique mixte sur toile. 200 x 240 cm
Tath, 2007. Technique mixte sur toile. 200 x 240 cm
A Lost Spring at the Edge of a Big Mess, 2008. Technique mixte sur toile. 50 x 60 cm
A Melted for a Cold Mirage, 2008. Technique mixte sur toile. 50 x 60 cm
A Summer of Sorts for Broken Painters, 2008. Technique mixte sur toile. 50 x 60 cm

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