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A Solo Exhibition

PJulia Peker
@12 Jan 2008

Mario Garcia Torres se nourrit des esquisses et des disparitions qui scandent l’art conceptuel, pour déplier une œuvre travaillée par le vide et l’absence.

Poussant dans ses retranchements la matière de l’œuvre, Mario Garcia Torres décline une œuvre épurée, travaillée par le vide et l’absence. Le jeune artiste se nourrit des esquisses et des disparitions qui scandent l’art conceptuel, ravive les idées et les projets initiés dans les années 70.

Un diaporama l’a fait largement connaître au public de la Biennale de Venise : What Happens in Halifax Stays in Halifax. Mario Garcia Torres partait sur les traces d’un silence : en 1969, un groupe d’étudiants avait été chargé par Robert Barry de réaliser une œuvre destinée à exister aussi longtemps que se réunirait ce groupe, et promise au secret total. Trahi en son temps et oublié à cette heure, le secret qui constituait la matière de cette œuvre trouvait un prolongement dans ses effets subjectifs sur le groupe, par-delà l’énigme du secret lui-même.

En regard des œuvres présentées à la Fondation Kadist pour la première exposition personnelle de l’artiste, cette pièce peut être tenue pour matricielle.
Le communiqué de presse et l’œuvre centrale de l’exposition se dévoilent à la lumière de quelques éclaircissements. Transparencies On The Non-Act est une projection d’une cinquantaine de diapositives, montrant un fond lumineux s’assombrissant, puis s’éclaircissant à nouveau. Un texte découpe le passage des diapositives, substitue un récit abstrait à une image défaillante.

Mario Garcia Torres s’inspire d’un communiqué de presse écrit par Kiki Kundry en 1969 au sujet d’un artiste à l’amnésie singulière: Oscar Neuestern. Inconnu, l’artiste aurait été bien en peine de se faire un nom, car sa mémoire n’allait pas au-delà du jour précédent. Le diaporama retrace l’histoire de cet homme promis à l’oubli, sa quête de l’absolu et de la transparence. Une histoire tissée de concepts, délivrée de la trame du récit. La clé de cette recherche est détenue par le temps et l’inconscient : une imprévisible succession de moments, l’accomplissement d’une histoire fondée sur son effacement perpétuel.

Ne pas avoir peur du vide : c’est en ce point de force que Mario Garcia Torres et Oscar Neuestern croisent leurs trajectoires. En demandant à Kiki Kundry de reprendre la plume pour rédiger le communiqué de presse de son exposition, Mario Garcia Torres scelle cet horizon commun.

Deux autres pièces donnent toute sa présence et sa matérialité à ce vide générateur : July 2007, et August 2007. Chacune projette un diapositive sur le mur, laissant apparaître une surface striée par le temps. On ne voit rien, sinon l’empreinte de la destruction. Mario Garcia Torres a laissé pendant tout un mois ces diapositives vierges dans sa poche, laissant le temps faire son œuvre. La pièce finale est comme une preuve esthétique de l’existence du vide : le vide existe, il est quelque chose, et laisse trace de sa présence.

Toute disparition est un processus actif générateur de traces. Mario Garcia Torres porte à la lumière ce palimpseste qui brille en transparence de l’être et de l’histoire.

Mario Garcia Torres
— Transparencies On The Non-Act, 2007. Installation, 52 diapositives noir et blanc.
— August 2007, 2007. Installation, négatif noir et blanc.

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