L’exposition « À mon seul désir » à la galerie parisienne Marian Goodman, est le fruit d’une carte blanche laissée à Annette Messager pour inaugurer le nouvel espace de la galerie. S’y côtoient de nouveaux dessins, des peintures, des sculptures et des photographies.
Anne Messager célèbre le désir féminin
Le titre de l’exposition, « À mon seul désir », reprend la phrase qui figure sur le dernier tableau de la tapisserie La Dame à la Licorne. Cette sixième partie de la tenture demeure mystérieuse et symbolise pour Annette Messager le musellement qui est imposé au désir féminin et à son expression. La formule « À mon seul désir » devient à travers les œuvres une sorte de manifeste qui affirme la fierté d’être une femme et la liberté de créer, d’exposer, de choisir et de faire.
Cette dimension revendicatrice s’exprime particulièrement dans une série de récents dessins à l’acrylique sur papier façon lavis. Intitulés Hallelujah, Ma force ou encore Mon utérus, ils représentent des utérus, des poitrines et des ventres féminins comme autant d’attributs victorieux et de territoires vaillamment défendus. Des textes explicites inclus dans certains dessins renforcent leur portée féministe.
Des dessins sur papier et des sculptures hybrides explorent le corps
De nouvelles sculptures s’inscrivent dans la continuité du travail d’Annette Messager autour du morcellement des corps et de l’hybridation. Une œuvre assemble un petit buste du Christ, les jambes d’une poupée Barbie et un chausson de danse ; une autre superpose un masque et un escarpin vernis et une autre encore réunit deux gorilles pendus à une esse de boucher et placés sur une reproduction miniature d’une sculpture de Rodin.
On retrouve dans cette exposition l’ensemble des thèmes et des procédés plastiques qui nourrissent l’œuvre d’Annette Messager depuis des dixaines d’années. Des dessins où l’anatomie féminine est figurée en quelques traits de couleurs contrastées et éclatantes et réduite à un concentré symbolique semblable à des haïkus, aux sculptures où un foisonnement de formes et d’objets rappelle de monumentales installations de l’artiste, c’est la même liberté et la même intensité non dénuées d’humour qui s’expriment, au service de la cause féminine.