ART | CRITIQUE

A rebours

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

Avec cette exposition, la galerie Thaddaeus Ropac a l’ambition de faire dialoguer un peintre, Peter Halley, et une designer, Matali Crasset.

Dans la grande salle, Matali Crasset propose des dessins muraux que Peter Halley accompagne de tableaux.
Les dessins muraux sont aériens, construits à partir de lignes de fuite, à l’image de faisceaux lumineux, comme des arbres figurant «un treillis de lignes géométriques et de formes abstraites» (Peter Halley).
En réponse, les tableaux de Peter Halley frappent le regard par des couleurs fluorescentes (orange, jaune vif, vert fluo…) dans des formes rectangulaires. Peter Halley compose à partir de lignes et de surfaces : il produit du contraste avec les couleurs, mais aussi avec une matière picturale, tantôt lisse et plane, tantôt rugueuse. Peter Halley est une sorte de Mondrian Pop dont les peintures géométriques sont hypnotiques et rétiniennes. Dans cette salle, alors que les tableaux de Peter Halley vont vers le spectateur, les fresques de Matali Crasset se font oublier.

C’est le mouvement inverse qui s’opère dans la salle du bas de la galerie. Matali Crasset propose une installation qui est centrale, alors que cette fois, c’est Peter Halley qui réalise les dessins muraux.
L’installation de Matali Crasset est faite de meubles en bois qu’elle caractérise comme des «souches-fauteuils et un arbre-lampe» : le thème de l’arbre est récurrent, mais alors que la figure de l’arbre linéaire prédominait dans la grande salle, la structure en volumes cubiques s’impose ici. Le mobilier devient une œuvre qui fait corps avec la nature.

L’alliance de l’art pictural et du design pose avant tout la question de l’investissement de l’espace et du traitement des volumes, des intensités linéaires, et des structures visuelles. De ce point de vue, Peter Haley et Matali Crasset réalisent une symbiose qui en dit beaucoup sur le rapport de l’artiste à son environnement.

Peter Halley
— Green Horizontal Prison, 2007. Acrylique et Roll-a-Tex sur toile, 114,3 x 114,3 cm.
— Aka Life, 2007. Acrylique, Day-Glo, et Roll-a Tex sur toile, 190,5 x 190,5 cm.

Matali Crasset
— Nature morte à habiter : (le fauteuil)# 03, 2007. Multiplis de bouleau, vernis polyréthane, peinture laquée, 80 x 74 x 70.
— Nature morte à habiter : l’arbre (Totem lumineux) # 04, 2007. Multiplis de bouleau, vernis polyuréthane, peinture laquée, 283 x 122 x 83,5 cm.

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