ART | EXPO

À percevoir

06 Sep - 06 Oct 2011
Vernissage le 06 Sep 2011

Pour «À percevoir», les œuvres de Caroline Cieslik, de Richard Müller et de Clémence Périgon, par le biais de la photo, du dessin et de la vidéo, brouillent les repères visuels, amenant ainsi le spectateur à regarder au plus près pour discerner ce qui se joue à l’image.

Caroline Cieslik, Richard Müller, Clémence Périgon
À percevoir

Caroline Cieslik, continuant son approche quasi géographique, travaille sur la notion de circulation et de flux migratoires sur le territoire français. A travers la photographie, elle analyse les formes paysagères construites par nos sociétés et joue sur l’effacement des frontières entre paysages et leurs alentours. «L’être humain est un être géographique. Son être est géographique. S’il ouvre à l’absolu, ce dont les diverses cultures ont des visions différentes, il est d’abord, et nécessairement, déterminé par une certaine relation à ce qui fait l’objet de la géographie: la disposition des choses et du genre humain sur la terre, sous le ciel (…) C’est donc de là qu’il faut partir: du constat que le moindre paysage, que le moindre il-y-a dans ce paysage, pose dès l’abord, et pleinement, la question de l’être (…) L’être de l’humain se grave (graphein) dans la terre (gê) et en est en retour gravé dans un certain sens. Le sens, justement, où il est géographique.» (Ecoumène. Introduction à l‘étude des milieux humains par Augustin Berque)

Depuis ses premières expositions, Richard Müller produit des œuvres proposant différentes perceptions de paysages urbains, agrestes, de cartes géographiques, ponctués à l’occasion d’un texte dessiné. Il s’agit, en choisissant à dessein des images banales, d’inventorier notre relation à l’image. La distanciation du sujet est amplifiée par la diversité dans le choix du médium: mine de plomb, crayon de couleur, aquarelle pour de grands dessins muraux, photo et vidéo. «Le point de départ de la création artistique de Richard Müller consiste en des impressions et des images de paysages concrets et de lieux à caractère de paysage à partir desquels il crée de nouvelles images par des processus de transformation multiples. Les transformations se produisent lors des passages d’un médium d’image à l’autre — une carte postale devient photo, la photo devient dessin, le dessin devient installation, ou bien: une vidéo devient photo extraite de la vidéo, qui devient dessin, le dessin devient image murale — tout comme dans le «jeu» ciblé avec les règles de l’image et les caractéristiques des différents médias. Dans ses travaux, à ce jour, Richard Müller a développé une stratégie artistique de la transformation et de la variation qui l’a conduit à un langage imagier qui lui est propre. Il est intéressant de voir à quel point les «images de départ» concrètes restent importantes et actives tout au long du processus…»

Dans sa série des Poses, qui sont toutes des vidéo performances, Clémence Périgon se met en scène, immobile, dans un pan de paysage cadré une fois pour toutes. Ces films ont tous une durée de 30 minutes, durée imposée par le format des cassettes vidéo utilisées. Ils sont ensuite restitués dans leur intégralité, sans aucun montage. Les deux seules options récurrentes dans sa série étant sa présence — du moins celle de son corps — et l’immobilité de cette présence. Elle peut être immergée dans l’eau saumâtre d’une mare, sa tête seule affleurant à la surface. Elle peut être accrochée à mi-hauteur d’un poteau électrique en plein champ. Elle peut être couchée au milieu d’un tas de bûches, sa tête emperruquée dépassant seule de cet amas végétal et mort. Elle peut être accrochée au tronc d’un immense pin, telle une excroissance hors règne poussée à même l’écorce. À quoi aspire l’artiste au fil de ces demi-heures de fixation patiente au flanc des paysages? À disparaître dans le décor, à la possibilité d’une action, à expérimenter un panel de sensations naturelles, à rêver, à réaliser des exploits, ou du moins à battre des records? Ou bien, en guerre, à attendre l’ennemi. Tout ce catalogue d’efforts éreintants et vains en vue de se camoufler finit par esquisser, bien au-delà du burlesque et d’un comique que l’on dit de répétition, l’inquiétante sensation d’une petite armée du même soldat multiplié, petite armée de sentinelles affairées à sa propre sécurité, égrenée dans un paysage perpétuellement innocent…

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