ART | CRITIQUE

A Narrative by Joe Scanlan

PLaure Dubois
@12 Jan 2008

Panthère noire venue des États-Unis, Donelle Woolford expose son œuvre à Paris. L’exotisme épicé de sa personnalité singulière est pleinement transposé dans son travail de bois, d’angle et d’assemblage.

Dans une scénographie aérée et végétale la galerie Chez Valentin reçoit, au cœur du Marais, l’artiste américaine Donelle Wolford avec une dizaine d’œuvres.

Les œuvres sont composées à partir de pièces en bois géométriques jouant sur les différences de tons, de matières, de profondeurs. La disposition des pièces, les teintes chaudes piquées de touches froides, la matière bois laissée brute, rappellent étrangement l’univers de Braque, diffusant complètement l’esprit du cubisme analytique. Cette première impression nous est confirmée par les titres. Ceux-ci définissent des objets réels ou des idées concrètes, conjuguant ainsi le visuel de l’œuvre au figuratif. Dans Lute ou dans Exfoliation, notre conditionnement nous pousse à vouloir discerner les objets avant tout.

Heureusement, l’œuvre de cette jeune artiste américaine dépasse le plagia cubiste et réétudie la pensée de ce mouvement. Où nous emmène-t-elle? Peut-être dans les ultimes retranchements du cubisme; là où l’abstrait absorbe le figuratif pour laisser parler la poésie en son essence pure.

Parce que c’est avant tout la matière qui nous touche. Notre acuité s’éveille face au naturel des couleurs à la forme simple, à la matière sensible pour elle-même. L’œuvre tend alors vers l’originel. L’artiste afro-américaine a-t-elle réalisé un voyage spirituel, en retour vers l’art primitif africain comme ont pu le faire les cubistes? Sans doute, car outre les empreintes esthétiques perceptibles dans les œuvres c’est une personnalité entière qui semble y être transposée. A travers les pièces de bois, c’est du mouvement, du rythme et de la lumière qui émane de chaque œuvre dans une musique aux mélodies abstraites.

Au-delà du mouvement exprimé dans chaque œuvre, c’est l’œuvre elle-même qui est en mouvement. Elle évolue et se métamorphose, non pas vers une finalité définie, mais au fil de la pensée du spectateur. Ce dernier interagit ainsi avec l’œuvre, il doit s’en approcher et bien l’observer pour en saisir les multiples significations, émotions. Ainsi l’œuvre nous apparaît d’abord cubiste, puis de plus en plus abstraite et, enfin, minimale.

Cette dernière caractéristique résulte de l’influence de son alter ego oe Scanlan. Le travail de celui-ci sur la simplicité formelle et la sobriété, qui constituent l’essence même du minimalisme, trouve aujourd’hui un écho dans l’œuvre de Donelle Woolford.

Cette personnalité complexe, comme sortie de l’ombre de Joe Scanlan, renferme autant de mystère que son œuvre.

Donelle Woolford
— Exfoliation, 2007. Boichuttes de bois, colle à bois, vis. 65 x 52 x 6 cm
— Lute,2005. Chutes de bois, peinture laquée, peinture latex, colle à bois, vis. 65 x 50 x 6 cm
— Desktop Publishing, 2006. Chutes de bois, colle à bois, vis. 65 x 52 x 6 cm
— Still Life With Logotype, 2007. Chutes de bois, colle à bois, vis. 40 x 30 x 6 cm

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