Michèle Sylvander
A mon retour, je te raconte
En 2002, Michèle Sylvander présentait «Un monde presque parfait», une exposition personnelle au [mac] à Marseille dans laquelle elle commençait à revisiter sa propre histoire, entre fiction et réalité… En 2012, dans «Répétition» à la galerieofmarseille, elle questionnait l’histoire de deux femmes. En 2015 au Château de Servières, son exposition «A mon retour, je te raconte» a pour point de départ des documents retrouvés chez sa mère, archives du temps où sa famille suivait un père militaire dans ses différentes missions en Allemagne, au Maroc, en Indochine… A partir de photographies et de ses souvenirs, Michèle Sylvander perturbe la lecture linéaire de ces différents documents liés à l’histoire coloniale. Les temporalités se superposent, les images d’hier deviennent des images d’aujourd’hui, les souvenirs prennent corps.
Michèle Sylvander a imaginé le parcours de cette exposition très spécifiquement pour entremêler une sélection d’œuvres déjà existantes à ses productions inédites. L’objet trouvé et l’archive sont mis à plat et détournés. Les nouvelles vidéos Pourquoi tu pars? (2015) et La Convocation (2015) dialoguent avec Only You de 1997, par exemple. La photographie est travaillée à la fois de manière classique tel que dans Rouge uniforme (2015), et dans des installations d’images qui ponctuent l’espace.
«Des bobines de film brûlent dans un lavabo dans Disparues (2015). Qu’en est-il de ces histoires? De cette Histoire? Michèle Sylvander se laisse hanter par différents niveaux de narration, par l’inconnu ou l’indicible, le temps d’une exposition. Quelle forme donner à ces bribes reconstruites? C’est le sujet de l’exposition “À mon retour, je te raconte” dont la forme tend à naviguer de la figure du père à la figure de la mère, du féminin au masculin; pour finalement revenir à la question de la relation. L’émotion est à son comble dans les disjonctions et les répétitions diverses. Les apparences et points de vues sont toujours aussi trompeurs. Les conflits d’aujourd’hui sont sur le pas de la porte.» (Caroline Hancock)
Michèle Sylvander développe un travail artistique qui s’appuie principalement sur la photographie mais déploie également ses formes dans l’installation, le dessin ou la vidéo… Ses œuvres problématisent la question du genre, des codes sexuels, du corps politique, social, du rapport à l’autre… L’autoportrait et la vie de famille y occupent une place centrale; à travers eux, l’artiste affirme le point de vue suivant lequel la proximité de l’expérience personnelle contient une certaine forme d’universalité. Ils disent aussi qu’il y a là le nœud de la construction sociale (le «moi» dans le petit jeu de la cellule familiale comme métonymie du «moi» sur la grande scène du monde).
L’exposition «A mon retour, je te raconte» est présentée dans le cadre de la 7e édition du Printemps de l’art contemporain à Marseille, «Destination Mars», organisée par le réseau Marseille expos.