Communiqué de presse
Pierre Bendine-Boucar
A Love supreme
Les fleurs que Pierre Bendine-Boucar peint depuis quelques années renvoient aux images de notre quotidien: tapisseries, graffitis, éléments décoratifs de tous ordres. Elles appartiennent autant à la culture urbaine qu’à une tradition de la peinture qui, de Matisse au Pattern Painting, ne craint pas d’affirmer son caractère décoratif.
A observer de plus près la production, et notamment les œuvres récentes exposées cet été à la GM galerie, on constate toutefois que l’intérêt de l’artiste se porte peut-être moins ici sur la répétition d’un motif floral que sur l’organisation de l’espace par la couleur.
« Si je suis mono-maniaque, dit Pierre Bendine-Boucar, ce n’est pas une histoire de fleurs mais peut être d’obsession de découpage du plan, voire d’organisation ».
A la surface des toiles on assiste à «un agencement des couleurs par configuration d’espacement».
Ce qui compte est moins ce que l’on voit, le motif, de plus en plus peint mécaniquement , au pochoir, et qui a parfois tendance à disparaître, que la mise en espace de la représentation.
La surface est divisée en un nombre important de cellules géométriques, bandes ou quadrilatères de couleur. Le motif floral s’il est encore présent est «l’anecdote qui attire l’œil afin de la déporter à la limite, le point d’indivision entre zones colorées». Cette limite est nette.
Pierre Bendine-Boucar «découpe» dans la couleur au moyen de rubans adhésifs qui lui permettent de délimiter avec précision les surfaces colorées: «J’organise, je mesure et je développe ma gamme chromatique à l’aide de ruban adhésif. Ma couleur est taillée dans la masse par les marques franches des frontières que restituent les rubans de masquage. Mes ciseaux sont des adhésifs»
Les rayures verticales et horizontales des adhésifs se doublent aujourd’hui de celles que l’artiste peint à main levée, au pinceau ou à la bombe. Ecossais, madras, quadrillage, l’architecture mise en place sert de motif. Un pas de plus est fait vers l’abstraction. A love supreme, le titre de l’exposition, outre la référence incontournable à John Coltrane est pour Pierre Bendine-Boucar une manière de réaffirmer son engagement dans sa démarche picturale, un plaidoyer pour sa pratique, sans revendication quelconque mais dans une période charnière de son parcours de peintre.