Taryn Simon
A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII
Dans chacun des chapitres qui composent l’œuvre, des influences extérieures, qu’elles soient territoriales, circonstancielles, religieuses ou liées au pouvoir, se heurtent à celles, intérieures, des héritages physiques et psychologiques. Taryn Simon prend, entre autres, pour sujet des victimes du génocide en Bosnie, des lapins de laboratoire contaminés par des maladies mortelles en Australie, la première femme à détourner un avion, ou encore les paysans dépossédés de leurs terres en Inde.
« A Living Man Declared Dead » se divise en 18 chapitres. Chaque chapitre comprend trois segments.
Le premier, une série de portraits grand format, montre uniquement des individus unis par les liens du sang. Ces photographies rassemblent ascendants et descendants vivants d’un même individu.
Taryn Simon expose également des portraits vides, ceux des membres qui, bien qu’encore en vie, n’ont pas pu être photographiés. Ces images sont accompagnées de textes narratifs dans lesquels l’artiste dévoile des précisions sur les différentes lignées. Elle explique les raisons de ces absences: emprisonnement, service militaire, dengue, ou interdiction faite à certaines femmes d’être prises en photo.
La dernière partie développe et place dans le contexte les segments précédents tels des notes de bas de page.
Selon Roxana Marcoci, curatrice du département Photographie au MoMA, «ce projet capital de Taryn Simon détermine les capacités du médium photographique à sonder les histoires complexes de sociétés contemporaines, tout en les classifiant selon des procédés d’archivage, dans un système qui relie les notions d’identités, de généalogie, d’histoire et de mémoire».
À la fois cohérent et arbitraire, l’assemblage de ces tirages trace le plan des rapports entre hasard, liens du sang, et autres facteurs d’une destinée. En contraste avec le classement méthodique des lignées, les éléments au centre des histoires de vie — violence, détermination, corruption et survie — subvertissent l’apparence extrêmement structurée de l’œuvre dans son ensemble. «A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII» met l’accent sur l’espace entre texte et image, absence et présence, ordre et anarchie.
Taryn Simon est née en 1975 à New York, où elle vit et travaille. Parmi ses œuvres précédentes, citons Contraband (2010), une archive d’images d’objets retenus ou confisqués à des passagers ou aux bureaux de poste lors de leur arrivée aux Etats-Unis; An American Index of the Hidden and Unfamiliar (2007), qui dévoile les objets, sites et lieux fondateurs de l’Amérique, notamment dans sa mythologie ou son fonctionnement quotidien et qui pourtant sont inconnus du public, ou inaccessibles; The Innocents (2003), une analyse de certains cas d’erreurs judiciaires aux Etats-Unis, qui pose la question de la crédibilité du témoin photographique, et de sa capacité à faire justice.
Le travail de Taryn Simon a fait l’objet d’expositions personnelles à la Tate Modern de Londres, à la Neue Nationalgalerie de Berlin, au Whitney Museum of American Art de New York, au Museum für Moderne Kunst de Frankfurt, au Kunst-Werke Institute for Contemporary Art de Berlin et au MoMA PS1 de New York.
« A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII » a été présenté dans son intégralité à la Tate Modern de Londres (du 25 mai 2011 au 2 janvier 2012) ainsi qu’à la Neue Nationalgalerie de Berlin (du 21 septembre 2011 au 1er janvier 2012).
« A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII » aura lieu du 2 Mai au 3 septembre 2012 au MoMA, de New York.
critique
A Living Man Declared Dead and Other Chapters I-XVIII