Communiqué de presse
Marianne Plo
À l’assaut de l’ambassade
«Storm the embassy» est le titre emprunté, pour cette exposition, au groupe rockabilly «The Stray cats», formation énergique et grinçante des années 1980.
Rien d’étonnant finalement que Marianne Plo puise dans le registre de cette «sub-culture» quand bon nombre de ses oeuvres et expositions sollicitent déjà des standards musicaux américains… Et quand depuis 5 ans, elle forme avec Violaine Sallenave le duo «Lassie», un projet hybride et éclectique qui évolue entre l’univers de la performance et celui du music-hall.
Pas si éloignée que cela de la supplique formulée dans la chanson d’origine (la guerre entre l’Union Soviétique et l’Afghanistan), Marianne Plo revisite cet opus avec l’envie à peine dissimulée de partir, pour le ré-enchanter, à la conquête du centre d’art.
Il fallait, selon Marianne Plo, réussir à oublier le décor initial du centre d’art, détacher l’espace intérieur de son réceptacle habituel pour y projeter une fiction à la fois futuriste et poétique. Et qui mieux, en effet, qu’une artiste qui tient la légende, le mythe et le conte pour langage plastique pour en recomposer le récit?
Le dessin est la pratique fondatrice de Marianne Plo. Simplement réalisé au stylo-bille et feutres de couleurs, il répond aux diverses sollicitations et ressources de la feuille de papier, du wall drawing, de l’animation vidéo et du volume.
L’artiste travaille un univers onirique et fantastique qu’elle décloisonne en procédant par assemblage de sources, de formes et de pratiques hétérogènes. Son travail s’inspire des contes, des légendes, des mythologies et cultures populaires qu’elle réinterprète pour re scénariser notre réel et notre présent.
Manipulation d’histoires fabuleuses, de morceaux de récits archaïques et actuels, que Marianne Plo «sample» et mélange de façon empirique pour en détourner le sens et en remodeler la sensibilité.
«Storm the embassy» est une invitation au voyage. L’exposition évoque le fabuleux périple de Jason et les Argonautes partis à la conquête de la Toison d’or, les mythes de l’Egypte ancienne et des fictions puisées dans l’univers de la publicité (la saga des Ferrero Rochers) et du cinéma de série B (Le film de Roland Emmerich Stargate).
Si à première vue, tout semble n’être que fragment et dispersion, ces points de récits apparemment épars, voire confus, tissent en réalité un réseau de correspondances cachées: la pyramide de Rochers qui trône au milieu du centre d’art est un clin d’oeil à la fameuse saga publicitaire des chocolats Ferrero Rochers et leurs célèbres soirées «chez Monsieur l’ambassadeur».
Elle rappelle également les motifs Egyptiens figurés dans les dessins, lesquels sont mis en écho avec la «Porte aux étoiles» peinte sur la baie vitrée du centre d’art —porte qui dans le film Emmerich est d’ailleurs découverte sur le plateau de Gizeh en Egypte–!
Ceci sans oublier, bien entendu, l’énergique amas de rochers qui semble s’enfoncer dans une anfractuosité ouverte dans le sol, et dont un des éléments marron et moucheté de jaune n’est pas sans rappeler le célèbre chocolat italien…
Les oeuvres qui se dispersent dans l’espace d’exposition, s’organisent finalement dans une succession d’enchaînements infinis. Et c’est la répétition inlassable de motifs identiques, (la pyramide et le Rocher Ferrero notamment) qui, avec de simples des changements d’échelle du détail à une vue d’ensemble , rend possible la circulation entre les oeuvres, affirmant ainsi une mécanique et un travail proches du sampling et de la boucle littéraire.