Eric Soyer
A la vitesse de la lumière
Après Anne-Flore Cabanis et Laurent Pernot, c’est au tour d’Éric Soyer d’habiter le hall de La Filature toute une saison. Collaborateur fidèle de Joël Pommerat, comme scénographe et créateur lumière, il répond à la proposition d’investir cet espace hors norme par le prisme de la lumière.
Pour sa première intervention, Éric Soyer crée une série de vitraux contemporains qu’il élabore avec la peintre Anne Marcq. L’occasion pour lui de poursuivre l’exploration scénique qui est la sienne autour des corps et mots des comédiens. L’épaisseur du réel prend la transparence comme support.
En janvier 2015, Éric Soyer dévoilera la deuxième étape de son installation.
«J’ai choisi pour ce projet d’associer mon travail à celui de Anne Marcq, peintre, plasticienne, dont les visions artistiques rejoignent des parcelles qui sont miennes.
Ensemble nous avons fabriqué un laboratoire. Territoire dans lequel la matière se prolonge tel un organe d’expression de ce qui s’efface, disparaît et se devine.
Pièce maîtresse de ce dispositif, la transparence comme support, la translucidité, fragilité de ce qui nous échappe, captures d’instants entourés de givre, possiblement déformés, froissés, superposés, voir carbonisés pour retrouver leur saveur originelle, celle du moment de leur arrivée sur le plateau.
De ce laboratoire est né une série de vitraux, contemporains, qui restitue à ces corps présence et densité en les soustrayant à leur absence photographique. Coulures, tâches de couleurs, huiles ondulantes, gomme laque, pigments, vernis, jeté de pâte épaisse de peinture, riche, onctueuse, luisante. La sensation d’un geste vif et nerveux.
Une image en cours de consumation est prise dans la glace.
Une tranche de sculpture apparaît. Un effet de givre crée l’abîme de l’effacement, la buée qui s’évapore vers la transparence fait naître la loupe et la profondeur.
La transparence et le reflet me fascinent car ils capturent une réalité en trois dimensions et la restitue en deux tout en gardant l’illusion de la troisième. Nous sommes à la frontière des mondes. Superposition des réalités, des fragments, des temporalités. L’épaisseur du réel est fragile comme la densité de l’émotion qu’elle procure.» Eric Soyer