Au rez-de-chaussée sont présentées sous la forme de reproductions agrandies une sélection d’œuvres que nous ne connaissons plus qu’au travers de photographies. A l’étage sont rassemblées une quarantaine de peintures et de statues qui ont déjà refait surface. La plupart d’entre elles ont réapparu grâce aux investigations menées au cours des dernières années ; parmi elles, un nu de femme debout particulièrement convoité, (Wanted !), qui figurait récemment encore sur la liste des œuvres perdues.
A la recherche de Nu féminin debout de Gustave Miklos
Je recherchais la peinture de Gustave Miklos intitulée Nu féminin debout (étude de nu) depuis presque une décennie. Contrairement à la plupart des tableaux cubistes hongrois, elle n’avait pas disparu sans laisser de trace depuis siècle, elle avait encore été exposée voici trente ans, et l’on disposait d’une reproduction en couleur. Mais ni les chercheurs ni l’héritier de l’artiste ne possédaient d’information permettant de la localiser. La reproduction figurait dans une étude que le professeur Aaron Sheon avait réalisée à propos d’une exposition itinérante consacrée au cubisme, organisée en 1913 aux États-Unis. Aux côtés de quelques artistes français, elle présentait deux artistes hongrois, dont Gustave Miklos. Près de la mention relative aux droits de reproduction, figurait le nom du propriétaire, Paul Mas.
L’été dernier, j’ai donc décidé de suivre cette piste qui m’a conduit jusqu’aux portes d’un viticulteur du Languedoc qui ne produisait pas seulement d’excellents vins, mais qui collectionnait également des œuvres d’art. En conversant avec Paul Mas, je me suis rendu à l’évidence que ce n’était pas la personne que je recherchais. L’œuvre ne faisait pas partie de sa collection.
La localisation de l’œuvre
Peu à peu, j’ai compris que l’autre Paul Mas qui avait joué un rôle important dans la découverte de Gustave Miklos au cours des années 1960-1970 n’était pas devenu viticulteur dans le Languedoc, mais qu’il s’est simplement retiré dans son appartement après la fermeture de sa légendaire galerie parisienne, L’Enseigne du Cerceau. L’ancien propriétaire de la galerie, M. Mas a accueilli chaleureusement ma requête, parce que sa découverte de Gustave Miklos restait un souvenir toujours cher à son cœur. Il m’a dit ne plus être en possession du tableau, mais il m’a mis en contact avec les actuels propriétaires de sa galerie, Isabelle et Hervé Poulain.  Trente cinq ans auparavant, il leur avait cédé ce chef-d’œuvre cubiste de Miklos, première pièce de leur collection.
La redécouverte de Nu féminin debout, et plus
J’ai été très amicalement reçu par M. et Mme Poulain et j’ai pu admirer le magnifique nu maintenant retrouvé, ainsi que neuf esquisses dont il n’existe pas de reproduction. Elles ont très probablement été dessinées entre 1912 et 1914, à l’époque où Miklos étudiait sous la direction de Jean Metzinger à l’Académie La Palette.
Ainsi ont refait surface dix œuvres dont on ignorait presque tout. Commissaire-priseur, ancien pilote automobile, M. Poulain nous a volontiers prêté l’impressionnant nu féminin réalisé par Miklos que les visiteurs pourront admirer à l’exposition de l’Institut culturel hongrois. Cette œuvre précoce majeure de Miklos a été présentée pour la première fois au Salon des Indépendants en 1913, dans la salle des cubistes.
Pour conclure, j’ajouterai qu’il y a quelques semaines, l’autre toile que Miklos avait présentée au Salon de 1913 a réapparu à l’occasion d’une banale vente aux enchères. Mais ce portrait de sa sœur, Marika, ne rejoindra notre exposition itinérante qu’à sa prochaine étape, à Bruxelles, cet automne.
Gergely Barki
Commissaire de l’exposition, historien de l’art