Olav Westphalen
A Junkie in the forest: doing things the hard way
En tournant simplement l’une ou plusieurs des trois roues formant les œuvres d’ Olav Westphalen, l’utilisateur pourra composer, parmi des milliers de possibilités, une blague unique. À l’aide son propre «gag master», Olav Westphalen illustre cette méthode et les associations de langage qui en découlent par de nouvelles séries de dessins.
Manifestement, les lignes peintes à l’encre, les bulles omniprésentes et tous les autres raccourcis comiques exercent autant de fascination qu’ils ne déroutent l’artiste. Ses dessins réussissent à revaloriser leurs racines comme leurs références populaires: devenus autonomes, ils finissent par composer une poésie étrange et dissonante.
La première série d’œuvres se caractérise par de grandes traces exécutées dans une gestuelle qui évoque immanquablement la peinture expressionniste abstraite. Les débordements, coulures et drippings comme gestes «cliché» sont utilisés par Olav Westphalen comme des formes propres, effaçant dès lors la distinction entre inspiration artistique pure et transposition mécanique de la peinture.
La seconde série semble quant à elle rejeter l’esthétique du cartoon en faveur du dessin réaliste. Les œuvres aux titres aussi marquants que «Carla Bruni dans un sous-marin utilisant des animaux et des humains pour des taches inadaptées» ou «Werner Herzog en vacances en slip» juxtaposent très sérieusement les éléments comiques. Ici la plaisanterie, s’il y en a une, prend uniquement forme dans l’esprit du regardeur.
Quand Seurat, qui avait travaillé en tant que clerc de notaire journalier, fut interrogé sur la manière dont il peignait ses immenses toiles dans sa cuisine, à la lueur d’une bougie, on rapporte que sa réponse fut: «c’est ma méthode».
Sophie Biel