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Julius Koller, A. for Atlantis

31 Jan - 21 Mar 2015
Vernissage le 31 Jan 2015

Autour du mythe de l’Atlantide, Julius Koller propose différentes formes que le Triangle des Bermudes, parfois diabolique ou terre promise, peut prendre. Un ensemble de dessins, collages, cartes, photographies et documents montre les différentes associations imaginées par l'artiste, dans lesquelles sciences et croyances se côtoient.

Julius Koller
A. for Atlantis

Depuis le milieu des années 1960, l’Å“uvre de Julius Koller questionne la possibilité d’une vie meilleure dans notre réalité sociale et la mise en relation des êtres à travers l’art. Ses actions, manifestes et gestes souvent imperceptibles inscrivent des changements progressifs à la réalité. Ce travail conceptuel, libéré de la forme, se déploie réellement dans l’espace public, dans un flux permanent redéfinissant la limite existant entre la vie et l’art.

Ses Anti-happening transforment des situations de tous les jours en Situation Culturelle Subjective. Julius Koller créé un vocabulaire singulier à partir de symboles ou mini-concepts (les ovnis, le point d’interrogation, le sport et le jeu ou encore les mystères de notre histoire) qu’il décline et réactive à l’infini au gré de promenades dans le paysage slovaque, l’espace urbain de Bratislava ou son propre balcon d’une cité de sa ville. Ses compositions improvisées se prolongeaient sous la forme de cartes, télégrammes, photographies ou textes en tampon qu’il distribuait.

Afin de résister au totalitarisme, Julius Koller imagine un intervalle dans lequel il peut revisiter le passé et reconfigurer le futur, le réel et le possible. Il donne à son œuvre une dimension cosmique: les contradictions entre l’utopie et la vie réelle produisent un autre futur.

Cet intérêt pour tout ce qui est lié aux mystères du cosmos témoigne aussi de la fin du rêve d’une alternative socialiste tchécoslovaque. L’idée du futur, de l’attente de quelque chose de meilleur se déplace vers d’autres sphères. Julius Koller n’a cessé de créer des espaces mentaux où il pouvait créer une fiction (la Ganek Gallery en haut des montagnes Tatras par exemple), s’inventer des interlocuteurs (les extra-terrestres), créer des dispositifs d’échanges à travers le jeux (le Ping-Pong Club, le tennis). La science-fiction est un entre-deux à occuper, un endroit oublié ou une histoire qui n’a pas encore eu lieu.

La spéculation est chez Julius Koller l’instrument pour une subversion quotidienne et quasi invisible. L’univers de Julius Koller est un monde mouvant, fluctuant. Face à cette instabilité, son Å“uvre se construit sur un mouvement permanent entre l’observation et l’action. Il ne cesse de ponctuer l’espace public par ses points d’interrogation. Tout commence avec le questionnement: «Le point d’interrogation est le symbole du doute. Je doute de tout (…) mais pas dans un sens pessimiste, plutôt de façon réaliste. Les questions et le fait de poser des questions est un outil contre l’illusion, contre les mensonges et l’ignorance (…) Mon travail repose sur la reconnaissance d’un conflit entre des antithèses, un aveu d’insolvabilité du monde. Pourquoi devons nous avoir des réponses de la Nature, de Dieu ou des gens? L’inconnu ne me dérange pas.» (Catalogue de l’exposition «Ausgeträumt….», dans le texte de Kathrin Rhomberg, Wiener Secession, 2001)

Cet intérêt pour ce qui est lié aux mystères de l’univers trouve un écho à partir de 1974 avec le mythe de l’Atlantide. Cette troisième exposition personnelle à gb agency propose les différentes formes que le Triangle des Bermudes, parfois diabolique ou terre promise, peut prendre. Julius Koller réactive l’histoire obscure d’une civilisation oubliée ou fictionnelle en lui insufflant de nouvelles spéculations poétiques. A partir du jeu entre différents symboles (ruban de Möbius représentant l’infini, les initiales U.F.O. ou le signe du point d’interrogation) Julius Koller produit une fiction tout en interrogeant notre histoire collective.

Les sciences et les croyances se côtoient, Julius Koller crée des discontinuités, des anachronismes: il découpe, cadre, démonte et remonte des temps parallèles. Le Réalisme Fantastique, mouvement littéraire de contre culture des années 1970 très lu par l’artiste, participe de cet enthousiasme pour les mystères du cosmos. L’Atlantide devient un territoire dans lequel l’Histoire et l’imagination se relient.

Un ensemble de dessins, collages, cartes, photographies et documents présentés dans l’exposition montre les différentes associations imaginées par l’artiste: parfois Julius Koller est au centre de la relation entre les ovnis et l’Atlantide, parfois il se sert d’un triangle diabolique pour critiquer le système entre Art et Pouvoir dans son pays. Ailleurs l’Atlantide prend une dimension plus géopolitique avec certaines allusions à l’impérialisme mondial. Mais souvent Atlantide produit une réflexion plus existentielle sur l’origine du monde et de notre conscience, terre d’humanité.

Julius Koller présente également une installation réalisée dans le cadre du projet d’Utopia Station à la 50ème Biennale de Venise. Atlantis (U.F.O.), 2003, est constituée d’une bande de tissu rayé rouge et blanc sur lequel court une ligne ondulée bleue, disposée en triangle au sol, en son centre l’artiste y a placé un bateau pneumatique. Au-dessus de l’ensemble, un filet suspendu (autre élément récurrent dans son travail) dans lequel l’artiste lors de sa performance en 2003 jetait des boules de papier froissé, The Golden Fish of Atlantis (U.F.O.) représentant le plan de Venise sous la forme du poisson doré, on y voit aussi le Grand Canal devenir un dessin de point d’interrogation.

Ce lieu insituable, inaccessible, semble trouver une porte d’entrée par la construction mentale. Lieu d’utopie, espace où l’on peut s’affranchir de son contexte, ou contrée effrayante? Si la notion d’utopie est importante pour Julius Koller, c’est encore une fois d’une manière interrogative car il ne croit pas en une utopie collective idéale.

Dans le répertoire de Julius Koller, Atlantide est un flux de concepts et de temporalités, la mise en forme d’une pensée en mouvement. C’est un espace ouvert au doute et à la communication avec autrui.

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