Dans un espace contigu à celui consacré à François Curlet, la galerie Air de Paris présente une série de dessins au miroir, de Guy de Cointet — artiste qui influença l’art conceptuel californien, et notamment certains artistes comme Paul McCarthy ou Mike Kelley.
Dans ces œuvres se mêlent dessin et écriture inversée. On peut admirer le sens de la composition et la poésie visuelle unique de Guy de Cointet. On retrouve, dans cette série de dessins, des références à Raymond Roussel, toujours la même habileté à manipuler les mots, le langage écrit et plastique, à donner forme à des impressions.
Il est toujours agréable de voir ou revoir les œuvres de Guy de Cointet, cependant cette exposition peut paraître un peu obscure pour qui ne connaît pas l’œuvre protéiforme de l’artiste.
À l’entrée, un miroir est mis à la disposition du public. Ainsi outillé, on peut sans mal lire les textes présents sur les murs. L’expérience est plaisante ; mais ce miroir, si rapidement accessible, facilite probablement un peu trop notre tache. Avant même de pénétrer dans l’espace d’exposition, une clé pour déchiffrer les dessins nous est donnée.
La tentation est donc grande de survoler les œuvres, de lire les textes presque à la chaîne, et ainsi risquer de pas prêter suffisamment d’attention à la structuration de l’espace et à la poésie de la forme. Sans effort, l’appropriation est difficile. L’exposition aurait certainement gagné à garder un peu plus de mystère. Sans miroir à l’entrée, peut-être aurait-on vu des tentatives de déchiffrage communes, une ébullition intellectuelle de groupe, plutôt qu’une course solitaire.
L’utilisation du texte, la manipulation, le réagencement des signes et des formes sont communes à ces deux artistes. Toutefois, on saisit mal les raisons plus profondes qui ont poussé les galeristes à organiser cette double exposition.
Ce nouvel accrochage montre les œuvres d’artistes que l’on a souvent plaisir à retrouver, néanmoins, il sera sans doute vite oublié. Par le passé, on a connu la galerie Air de Paris beaucoup plus audacieuse. Il semble que pour la rentrée elle ait choisi de jouer la carte de la sécurité. A qui la faute ?
Guy de Cointet
— I can’t live here any longer, c.1982. Encres sur papier, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. 50,8 x 65,4 cm
— The sun hurts me. Oh it hurts!, c.1982. Encre et crayon sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 52,6 x 38 cm
— The very first time you experience this beauty fluid, c.1983. Encre sur papier Arches, cadre passe-partout bois et verre. Hors cadre 50,8 x 65,4 cm
— I’m sorry, I lost control for a second, c.1982. Encre et crayon sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 50 x 63,7 cm
— I’m relaxing, sleeping Busy people you know have only so many hours and those spent sleeping are the most important, c.1983. Encre sur papier, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 50,8 x 65,4 cm
— Gee, it’s tempting, I’ll see about it…, c.1982. Encres sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 51,1 x 65 cm
— Oh! What a marvelous vacation! As the shadows of night approached in Africa, c.1982. Encre sur papier, cadre passe-partout, bois verre. Hors cadre 53,4 x 65,4 cm
— As the shadows of night approached in Africa long and curious chants were raised, interminable stories were told, and all sort of social festivities served to while away the times…front of their dwellings… dance by moonlight in the young girls very often, c.1982. Encres et crayon sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 51 x 65 cm
— My own mornings I spent in a variety of ways. Sometimes I rambled about from house to house, or from grove to grove, and from one shady place to another, 1982. Encre et crayon de couleur sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 51 x 65 cm
— Do I see right?, c.1983. Encre et crayon sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 49,4 x 63,7 cm
— My own mornings…, c.1982. Encre et crayon sur papier Arches, timbre sec de la Succession, passe-partout, cadre bois et verre. Hors cadre 49,4 x 63,7 cm