Agnès Geoffray, Lamia Joreige, Estefania Penafiel Loaiza, Kader Attia, Adam Broomberg & Oliver Chanarin, Rabih Mroué, …
A fendre le cœur le plus dur. Témoigner la guerre
«A fendre le cœur le plus dur/ Témoigner la guerre» est un projet artistique transversal à l’initiative de l’historien Pierre Schill, qui se déploie à partir de documents constituant un reportage de guerre. Il postule la fécondité d’une approche croisée en associant art contemporain, danse, photographie, littérature et histoire.
L’élément central en est une exposition collective rassemblant, autour de l’archive elle-même, des œuvres d’artistes visuels et plasticiens (Agnès Geoffray, Lamia Joreige, Estefania Penafiel Loaiza, Kader Attia, Adam Broomberg & Oliver Chanarin, Rabih Mroué…), mises en relation avec une pièce et une installation chorégraphiques créées par le danseur et chorégraphe Emmanuel Eggermont, accompagné de Jihyé Jung et Elise Vandewalle, ainsi qu’avec une production littéraire des écrivains Jérôme Ferrari et Oliver Rohe et une approche historique proposée par Pierre Schill.
Le projet «A fendre le cœur le plus dur/ Témoigner la guerre» trouve son origine dans la découverte d’une archive inédite composée de photographies et d’écrits, datant de 1911 et réalisée près de Tripoli, sur le territoire de l’actuelle Libye. Cet ensemble reconstitué résulte de la commande d’un reportage sur la guerre de colonisation qui opposa le Royaume d’Italie et l’Empire ottoman, passée par le quotidien Le Matin à l’homme de lettres français Gaston Chérau (1872-1937).
En invitant l’historien mais aussi divers regards et langages artistiques à se rencontrer autour de cette source, «A fendre le cœur le plus dur/ Témoigner la guerre» en propose une analyse qui tente de comprendre l’événement saisi par les images autant que de s’en affranchir et de le déborder. Dans une lettre à son épouse, Gaston Chérau confie: «J’ai encore vu des choses à fendre le cœur le plus dur».
«A fendre le cœur le plus dur/ Témoigner la guerre» se développe autour de la question du témoin, dont le propre est de produire des récits à partir de l’événement, des récits pluriels qui échappent autant à la rigueur scientifique de l’historien qu’à la dynamique de la sensation du reporter.
A l’heure de la commémoration de la Première Guerre mondiale et des gestes de mémoire qu’elle suscite, le projet «A fendre le cœur le plus dur/ Témoigner la guerre» se déploie autour d’une double question. Comment interpréter, en contournant tout décryptage historique préalable, l’un des premiers exemples de photojournalisme, traitant d’un épisode de guerre historiquement considéré comme un jalon important dans le déclenchement du premier conflit mondial? Et comment tenter, alors que les croyances en la transparence de la photographie n’ont plus court, une nouvelle appréhension de la réalité en envisageant un fait de guerre autrement que par la voie des médias et de leurs modes de représentation?