Annette Messager
A corps perdu / Et range ta chambre
La Galerie Marian Goodman présente une exposition d’Annette Messager avec deux séries nouvelles réalisées entre 2008 et 2009.
Au rez-de-chaussée, on pourra voir A corps perdu, 2009, de grands tirages photographiques noir et blanc tirés sur toile de spi, tous recouverts de tulle noir. Ils se meuvent, se soulèvent, les images apparaissent progressivement, chacun étant relié à un petit moteur commandé par un programme informatique.
Annette Messager évoque A corps perdu  : «J’ai commencé à penser à cette pièce bien avant de la réaliser. Diverses rétrospectives que j’ai faites m’ont redonné le désir de travailler à partir de la photographie, abandonnée depuis 1998.
J’utilise des négatifs que j’ai fait depuis longtemps, pour la plupart jamais utilisés : photos de bébés, adultes, personnes âgées. Les enfants ont grandi, j’ai perdu de vue la plupart d’entre eux, anciens étudiants, gens disparus… Cependant tous ces fragments de corps, de visages, cette multiplicité recomposée constituent ma mémoire, ils sont aujourd’hui mon portrait.
Les formes se touchent, se frôlent, se soulèvent, ensemble ou simultanément, s’animent pour s’affaisser en se flétrissant, puis se relèvent, ballet de désirs à corps perdu…
Je voudrais leur redonner un souffle, une respiration mais tous sont recouverts d’un voile noir – «présence de l’absence» – (cf. Roland Barthes).» Annette Messager, 2009
En regard de cette grande installation, isolé, un Cœur au repos, 2009, gît au sol.
Au sous-sol, Et range ta chambre, 2007-2009, est une installation composée de nombreux éléments. Sur deux murs, sont suspendues des cordelettes noires auxquelles sont épinglés des badges sertis de dessins originaux de l’artiste. Divers objets viennent s’ajouter : architectures, arbre en skaï, personnages, tous réalisés entre 2007 et 2009.
Et range ta chambre. «Depuis deux ans, dans la journée, en soirée, dans des chambres, partout, sur de petites rondelles de papier je crayonne, j’écris un mot, je reporte des photographies, je dessine, pour ensuite les passer dans une machine à badges.
Je les ai gardés longtemps par terre, plus de mille badges, dans un grand désordre assez joyeux…
J’ai toujours aimé les pin’s, les badges, qui voyagent épinglés sur nos vêtements, nos sacs, nos corps : affirmation de soi, différenciation, revendication sociale ou politique.
Maintenant la plupart de mes badges sont fixés sur des cordes noires installées au mur très régulièrement ou fixés sur des ballots de tissu, sur divers objets, ou en attente dans des boites de carton.
En même temps, d’autres éléments de skaï noir sont venus s’ajouter à ces badges : objets sans âge, ne pouvant servir à rien, suspendus ou laissés au sol, petites voitures, lits, ameublement de poupée, de marionnette détraquée pour chambre mal rangée…» Annette Messager, 2009.
Vernissage
Samedi 5 septembre à 18h.