Communiqué de presse
Sylvain Ramolet
A contre-courant
Dans le travail de Sylvain Ramolet, deux univers apparaissent dans leur diversité, le design et la sculpture, qui peuvent se côtoyer sans se nuire et sans pour cela être en contact direct.
Cette cohabitation, ancrée dans l’artiste, est réelle puisqu’il n’y a pas un double discours qui tenterait de les réunir obligatoirement. Chaque expression vit sa propre existence ! La forme/sculpture chez Sylvain Ramolet se construit en regard de l’espace qui, non seulement, l’environne mais aussi dans l’espace qui se trouve au-dedans. C’est également l’un des fondements de la sculpture et de l’objet utilitaire, qu’il soit industriel ou art décoratif.
Sylvain Ramolet se forme dans des écoles de design, ce qui ne l’empêche pas de développer une approche de plasticien et ensuite de la cultiver dans un univers mêlant humour et poésie. Il suffit de regarder ses pages de croquis, ses esquisses et ses ébauches de maquettes, qui sont sa respiration première : coup d’oeil rapide, trait de crayon direct.
Nous retrouvons l’humour avec ces pièces, Drop 2005, qui après avoir été érigées, se retrouvent couchées, ou la tête en bas, comme avec Chrysalide 2007. Il y a aussi ces propositions pour du mobilier de table et de sièges en 2008, où Sylvain Ramolet joue avec l’illusion du déséquilibre.
Et, toujours dans cet ordre du drôle, ses Fèves psychotropes 2008 qu’il orne de motifs plus ou moins attrayants comme : une couronne, un canard, une tête de mort, une tête de Mickey, un « space invader » ou encore un flocon de neige ou une pomme. Sylvain Ramolet, dans ce travail, propose une étonnante thérapie, car ces fèves lorsque nous les retournons se transforment en médicaments ; une pilule pour se métamorphoser ou se libérer.
La poésie, que nous pouvons observer dans ses croquis, se retrouve dans le traitement des matières et des surfaces, qu’elles soient lisses ou irrégulières, conférant ainsi une sorte d’animalité. Par exemple, les petites sculptures ébauchées durant sa résidence à l’École d’Art du Beauvaisis en 2009, expriment certainement ses influences au travers de l’observation des outres traditionnelles. Avec son tabouret Sans titre 2007, il conjugue les deux, quand sur un piètement assez sophistiqué, il pose et ouvre un énorme livre dont les pages deviennent l’assise plus ou moins modulable.
L’artiste affirme son discours dans cette quête de la libéralisation du contenant et du contenu, du contenant qui s’efface, qui s’échappe pour laisser la place à ce qui ne se voit jamais : ce qui est à l’intérieur. Une forme tout en courbes et rondeurs qui ne ramollit jamais et toujours tendue, comme avec l’assiette Swing 2004 ou la boîte Cloud 2004. Ses formes bien définies et cernées prennent le statut de sculptures ; qu’elles soient venues de l’objet ou issues d’une mutation tendant vers l’animalité. Cette attitude, qui anime ses sculptures, est souvent renforcée par l’apport de pieds ou d’assises, sortes de béquilles ou de cannes faisant corps avec les formes sculptées ou moulées.
Sylvain Ramolet pratique le territoire très glissant du détournement de l’objet pour exprimer la sculpture et évite avec brio le piège de tomber dans l’aspect « décoration ». Il passe dans un champ libre, celui de la métamorphose des matières et des formes.