L’exposition « A Backroom Is A Backroom Is A Backroom » à la galerie Arnaud Deschin, à Paris, rassemble une vidéo (inspirée par le livre Haschich à Marseille de Walter Benjamin) et des photographies de Marc-Antoine Serra. Des œuvres qui explorent l’identité sexuelle, le désir et le corps.
Mystère et fantasme au cœur des backrooms comme des photographies de Marc-Antoine Serra
Le titre de l’exposition fait allusion aux backrooms, ces arrière-salles de certains bars homosexuels, parfois aménagées de façon labyrinthique et compartimentée, dans lesquelles les clients peuvent avoir des relations sexuelles, dans l’obscurité ou la pénombre. Ainsi est souligné d’emblée le lien thématique mais aussi formel entre ces lieux et les photographies de Marc-Antoine Serra.
Chargé de souffre mais aussi et surtout de mystère et de fantasmes, le mot « backroom » renvoie aux corps masculins qui sont au centre du travail photographique de Marc-Antoine Serra autant qu’à l’ambiguïté dont ses œuvres se nourrissent et qu’elles génèrent.
Marc-Antoine Serra explore l’identité sexuelle, le désir et le corps
Onze photographies en couleur et en noir et blanc fixent des corps et des fragments de corps masculins nus, photographiés dans un environnement qui demeure hors-champ, la ville de Marseille. Dans le cliché What Is Known I Strip Away, un jeune homme assis face à l’objectif , le fixe dans une expression de défiance désinvolte, le visage en partie masqué par des volutes de fumée. Dans L’enfance a perdu sa route, on ne distingue qu’une nuque et une tête rasée, reposant à l’horizontale, de dos.
Ainsi capturés dans des poses décontractées, les modèles semblent en suspension dans un contexte indéterminé et leur vision suscitent de nombreuses interrogations sur l’avant, l’après et l’autour de la prise de vue. Comme la notion de backroom, les photographies de Marc-Antoine Serra troublent par leur mystère, dérangent par le désir qu’elles affichent et engagent une exploration en profondeur de nombreuses questions. Ainsi exposés, ces corps s’offrent-ils à un regard masculin ou féminin ? Quelle identité sexuelle porte le regard désirant ? Quelle place est accordée aux corps dans le contexte politique actuel ?