Artificiel
7,83Hz
« Le titre de l’œuvre elle-même, 7,83Hz, se réfère d’ailleurs directement à un phénomène lié à l’électromagnétisme à grande échelle. Il s’agit de la «Résonance de Schumann», du nom du physicien allemand qui en fit la prédiction en 1952.
Les «ondes» électromagnétiques, produites par les très nombreux éclairs qui frappent en permanence la surface terrestre, entrent en résonance avec une cavité formée par la terre et la ionosphère. Les différentes mesures faites autour du globe et liées à cette activité électromagnétique (7,83; 14,3Hz; 20,8; 27,3; 33,8 Hz) ont servi de cadre à la composition sonore.
Inspirés par ces phénomènes naturels, combinant résonance et électromagnétisme, les artistes ont imaginé un dispositif de câbles métalliques tendus et mis en vibration par des électro-aimants. L’installation et la musique qu’elle génère, rappellent les harpes éoliennes très en vogue au 18ème et 19ème siècle. Mais, ici, à la force du vent s’est substitué un souffle électromagnétique générant de longues nappes éthérées se déployant dans l’espace d’exposition.
John Tyndall, rapporte d’ailleurs, dans son ouvrage d’acoustique publié en 1867, Sound, une anecdote étonnante qui fait le lien entre cette installation, les harpes éoliennes et la «Résonance de Schuman». En effet, le savant anglais, dans son chapitre dédié aux cordes vibrantes, fait état d’un gentleman suisse amateur d’harpes éoliennes de grandes dimensions, qu’il appelait, harpes-météo. D’après lui, le son de ses harpes était soumis aux aléas météorologiques, mais également aux modifications du champ magnétique de la terre.
Avec cette nouvelle œuvre, les artistes poursuivent leur travail de recherche sur les phénomènes liés à l’électromagnétisme et aux phénomènes de résonance initié avec leur concert d’arcs électriques POWEr, tout en dessinant un portrait en creux de Nikola Tesla. C’est le savant d’origine Serbe qui le premier dans son laboratoire de Colorado Springs a remarqué et mesuré ce phénomène de résonance inspirant 7,83Hz, et c’est également lui qui mit au point la bobine portant son nom que les artistes utilisent sur scène pour leur concert.
Au final, le duo tire, avec talent, de la mise en ordre du monde par les lois de la physique une certaine poésie. Non sans évoquer Prométhée, avec POWEr, ils créent sous nos yeux et pour nos oreilles des miniatures électriques d’une énergie domestiquée qui se manifeste brutalement dans la nature par la foudre; et avec 7,83Hz une évocation des puissants champs électromagnétiques qui parcourent notre atmosphères par des longues et mouvantes nappes sonores tissant ainsi des liens entre le microcosme de la galerie d’exposition et le monde tout en suscitant chez le visiteur un état d’introspection. »
Damien Simon
POWEr
POWEr est une performance basée sur les phénomènes acoustiques et visuels issus du dispositif électrique à haut voltage. Utilisés comme matériau brut et objectif, ces phénomènes sont générés, captés, transformés et diffusés en direct sur scène, par l’entremise de processus numériques sonores et vidéo. Il n’y a pas de contenu préparé, l’électricité est utilisée comme instrument synesthésique puissant et subtil.
Artificiel est un studio de création montréalais composé d’Alexandre Burton et Julien Roy, produisant des œuvres d’art liées aux technologies numériques. Les œuvres se présentent selon des modes d’expression allant de l’installation à la performance, dans des contextes d’exposition, de scène ou d’interventions in situ. Y sont intégrés art sonore, art visuel, développement logiciel et matériel et mise en contexte.
Le concert d’arcs électriques POWEr et l’ installation sonore 7,83Hz du duo montréalais Artificiel, s’inscrivent dans le cadre de la programmation «On the Sensation of Tone» alliant patrimoine scientifique, histoire des sciences et techniques, et arts sonores.
Concert/Performance «POWEr»
Vendredi 8 mars aux Champs Libres, Salle Hubert Curien à 19h00
Entrée libre, réservation conseillée: 02 23 40 66 00
Vernissage
Samedi 9 mars 2013 Ã 18h30