Jean Tinguely : sculptures et Nouveau Réalisme
L’exposition «‘60s», à la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, rend hommage à l’œuvre de Jean Tinguely, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son décès.
Quinze sculptures et reliefs animés sont réunis dans cette première exposition française entièrement dédiée à Jean Tinguely, artiste majeur du vingtième siècle qui prit part au Nouveau Réalisme. Le mouvement prônait un retour à la réalité, en réaction au lyrisme de la peinture abstraite du début des années soixante, tout en évitant la figuration. Une démarche qui aboutit à la réalisation d’œuvres par assemblage d’éléments issus de la vie quotidienne, de la réalité de l’époque.
Comme son titre l’indique, l’exposition se concentre sur une décennie précise de la carrière de Jean Tinguely: les années soixante, au cours desquelles son œuvre est reconnue internationalement. L’exposition présente les deux ensembles principaux de cette période, les Radios-Skulptur et les Baloubas, ainsi que deux œuvres postérieures, d’une échelle plus importante et à l’aspect sombre: Bascule V et La Cloche, datant de 1967. Les œuvres de Jean Tinguely de cette décennie, caractérisées par un mélange de chaos et d’élégance, ont en commun
l’exploration du mouvement et du son.
Le quotidien intégré dans ses sculptures
Des reliefs ou des sculptures en mouvement, pour la plupart sonores, réalisés de 1960 à 1963 appartiennent à la série des Radios-Skulptur. Le rapport
entre le son et la sculpture se construit à travers des structures alliant moteurs électriques, pièces de radio, supports métalliques et parfois d’autres objets. Semblables à des radios que l’on aurait ouvertes et dont on aurait étalé les éléments pour mieux en révéler le mécanisme, ces pièces en détournent le principe habituel des sculptures sonores. Le bruit des sculptures n’est pas issu des moteurs ou de l’entrechoquement de ses éléments ; ce sont les sons captés par la radio, donc ans cesse renouvelés et non prédéterminés. La vie quotidienne est ici directement intégrée dans l’œuvre d’art : elle n’est pas simplement dépeinte mais introduite sous la forme de bribes sonores.
La série des Balubas, réalisée en 1962 et1963, parodie la sculpture classique en présentant des assemblages d’objets du quotidien (déchets de ferraille, jouets en plastique, fourrures d’animaux…) minutieusement montés sur des bidons industriels faisant office de socles. Ces sculptures mobiles sont actionnées à l’aide d’une pédale de commande qui remue leurs éléments suspendus dans tous les sens. L’aspect fade de l’objet inanimé laisse alors la place à une agitation dénuée de sens mais joyeuse.