Agathe Pitié
5e Prix des Partenaires
Agathe Pitié réalise de très grands dessins à l’encre, méticuleusement composés d’une multitude de personnages et de scènes qui se renvoient les unes aux autres. «Le métissage culturel imaginé par Agathe Pitié, véritable syncrétisme, crée un nouvel ensemble qui transforme radicalement la vision classique de chaque récit.»
Les personnages figurés appartiennent tant aux mythes et cultures anciens qu’à l’actualité du XXI siècle. Figurent ainsi plusieurs personnages bien connus dans le dessin Le Jugement Dernier: «Anubis, dieu funéraire de l’Égypte antique; saint Michel, représenté avec la balance du Jugement dernier; saint Pierre taquinant une âme avec la clé du Paradis; Mickael Jackson en mort vivant tout droit sorti du clip Thriller; Cerbère, le chien gardant l’entrée des Enfers; Satan sous les traits d’un personnage de South Park, etc. Le casting, hétéroclite, dévoile à lui seul l’histoire: le spectateur découvre une vision très personnelle et peu conventionnelle du Jugement dernier.»
Les supports sont des papiers anciens collectés patiemment par l’artiste. Si le trait, net et incisif, fait référence aux maîtres du Moyen Age, «les dessins d’Agathe Pitié semblent se figer à un moment précis de l’action qu’ils mettent en scène, comme un arrêt sur image.
Une fois le sujet de son dessin choisi, elle remplit des carnets de notes : à l’image d’un réalisateur, elle convoque les personnages rencontrés au gré de ses recherches à un casting imaginaire. Tous sont les acteurs de sa prochaine réalisation. Ils s’organisent, se placent sur la feuille de papier dans un désordre qui n’est qu’apparent. La scène est orchestrée par Agathe Pitié et chaque personnage joue le rôle qui lui a été attribué.».
La mise en œuvre de son travail se déroule ainsi en deux phases distinctes: dans un premier temps, l’écriture d’un synopsis à la manière des techniques cinématographiques — script, casting des archétypes, mise en scène des discontinuités et des correspondances des récits et des plans — dans un deuxième temps, la reprise du geste ancestral du trait: les dessins sont réalisés manuellement, à la plume, sur des papiers anciens d’une façon complètement anachronique. Le travail d’Agathe Pitié est un questionnement sur la culture globale, la copie des données et la fragmentation des savoirs. Il appartient ensuite au spectateur d’inventer sa propre histoire.
Le Club des Partenaires du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole a attribué à Agathe Pitié le 5e Prix des Partenaires. Elle succède ainsi à Marina Perez Simão (2010), Anne Laure Sacriste (2011), Min Jung-Yeon (2012) et Stéphanie Nava (2013).