Par le biais de dessins et de vidéos, l’artiste égyptienne Doa Aly sillonne le fossé qui réside entre le corps humain et sa représentation, l’anatomie réelle et celle idéalisée. Du soi à l’image de soi, l’expérience du corps se fait tangible et oscille sous le coup de nombreuses émotions allant de l’admiration à la frustration. Performance physique jusqu’au bout des os.
Pour la vidéo 48 Ballet Classes, Doa Aly a filmé pendant près de trois mois ses leçons de ballet avec l’ancienne danseuse Dame Sonia Sarkis. Cet Apprentissage tout aussi ardu que tardif résonne telle une performance physique où le corps, dans une quête de perfection, est mis en scène tel un véritable outil : des bras aux jambes en passant par le thorax et l’abdomen, la complexion se fait autre, à la fois hiératique et rigoureuse, en aucun moment sensuelle.
Rien n’est caché, tout est montré. Recherche éperdue d’une nouvelle identité physique, cette performance établie sur le mode sériel et répétitif n’en demeure pas moins une séquence transitoire entre un corps établi et un corps façonné. Ici, la maîtrise de soi engendre paradoxalement la perte d’un rêve : le corps comme support de douloureuses transformations ne peut en effet atteindre l’état de Grâce.
Ce grand idéal se retrouve totalement parodié dans la vidéo Puppet Fashion Show, autre pièce de l’exposition où une marionnette aux allures de mannequins défile sur un podium, bercée par les sons ardents de la musique électronique. Au royaume des pantins les poupées sont les reines. A moins que ce ne soit l’inverse.
Doa Aly
— 48 leçons de ballet avec Dame Sonia Sarkis, 08/01/2005 – 20/03/2005. Vidéo.
— Puppet Fashion Show, 2005. Vidéo, 2’54’’.
— Dessins 18, 2007. Crayon sur papier. 29 x 21 cm.
— Dessins 17, 2007. Crayon sur papier. 29 x 21 cm.
— Dessins 19, 2007. Crayon sur papier. 29 x 21 cm.
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