Cela reste à voir

Caroline Molusson
Cela reste à voir

Les installations de Caroline Molusson jouent sur les contraires. Equilibre et déséquilibre, externe ou interne, apparition puis disparition… Une série d’objets ou d’éléments du quotidien rendus autonomes, rentrent en action d’eux-mêmes, par divers mécanismes. L’artiste propose et modifie la perception que l’on peut en avoir, en change la nature et parle de ses pièces comme d’oeuvres «invisibles ».

Une goutte d’eau tombe et glisse le long d’un socle recouvert d’un capot en plexi. Semblant venir de nulle part, simplement là pour marquer l’ instant. Comme cette bassine posée au sommet d’un tube en carton qui risque de choir à chaque instant mais fini toujours par se redresser, et poursuit ainsi son cycle. Le déséquilibre est permanent mais rien n’y fait. De même, une feuille vole entraînée par un ventilateur posé au sol. Rythme invisible et poétique. Fragile. Tout tourne autour de cette apesanteur ténue. Il n’y a rien de plus à voir mais la magie est là, dans cette poésie singulière. Ainsi fonctionne un texte installé au mur dont l’ombre projette une phrase «on n’y voit rien ! » Et pourtant le texte le dit. Ce qui est écrit n’est pas ce que l’on voit et inversement. Brouillage du sens et des sens. Aller-retour incessant dans ce double langage des choses.

Le travail de Caroline Molusson est abordable sous différents angles : celui du rapport du corps à l’espace, de ce qui est éphémère, aléatoire, précaire, où le perceptible et l’imperceptible se jouent de notre conscience. Sentiment d’ une perturbation infime qui rejoindrait des interrogations plus vastes encore, au-delà de l’art, sur une idée métaphysique du Monde.

« Cela reste à voir » s’inscrit dans le cadre de « 44°50’54N/0°34’19W », un cycle d’expositions dédié à l’accompagnement de jeunes artistes dans la réalisation d’un nouveau projet. Laurent Le Deunff, Cédric Couturier, Eddie Ladoire et Rustha Luna Pozzi-Escot sont les derniers artistes à y avoir participé.