Arnaud Maguet
33 révolutions par minute
Avec l’ambition de faire dialoguer les disciplines, et autour d’une personnalité invitée, des artistes viennent rencontrer le public le temps d’une conférence, d’une performance, d’une projection, d’un concert. L’espace du Forum bas accueille un dispositif imaginé par Arnaud Maguet, 33 révolutions par minute, s’appuyant sur des pièces qui ont en commun le mécanisme de rotation et de «révolution».
Chaque jour, à 19 heures, un ou plusieurs invités viennent jouer, lire ou performer.
Pour Arnaud Maguet, il est d’abord question du bouleversement que provoqua le Rock’n’roll, il y a maintenant plus d’un demi-siècle, et de ce qu’il est advenu de ce bouleversement: une «utopie fanée», qui tourne en rond sur elle-même, mais qui reste paradoxalement un objet d’amour et d’invention, d’énergie et d’expérimentations.
Nourri des cultures alternatives et populaires des années 1950 à nos jours, mais aussi des avant-gardes artistiques, Arnaud Maguet navigue entre la pratique scénique, éditoriale et plastique. Il s’inspire de la musique, principalement du Rock’n’roll et de ce qui en dérive plus ou moins lointainement, le garage, le krautrock, le punk, le psychédélique, le hip-hop, le free jazz, la musique répétitive. Mais il y a aussi les images, les films, souvent issus du cinéma underground ou de la série B.
En amateur, en bricoleur, parfois en producteur, Arnaud Maguet mixe ces influences pour composer une œuvre protéiforme: installations, bandes-sons, pochettes de disque, affiches de concert, vidéos ou photographies, etc.
In my room
C’est un cube fait de bois de coffrage, aveugle et sans toit. Sur un des murs sont posés des mots en fer forgé réalisés par l’artiste Olivier Millagou. «In my room» : il s’agit du titre d’une chanson des Beach Boys.
Le titre, l’espace évoquent les vies adolescentes contemporaines : on sort de sa chambre sans en sortir, on reçoit le dehors via le Web. Par une porte dérobée, des artistes (musiciens, performeurs, auteurs…) sont invités à entrer pour un rendez-vous quotidien. Devenus acteurs, nous pouvons parfois pénétrer un par un dans l’espace pour participer à un karaoké noise. Mais la plupart du temps, nous sommes tenus à l’écart, derrière les murs, et ne pouvons apercevoir l’événement que par les interstices, entre les planches disjointes, ou bien depuis la mezzanine.
Salle de projection
Sous le préau du Forum, la scène est retransmise par quatre caméras de surveillance dont les vues sont alternativement projetées sur un large écran. Cette alternance est rapide, mécanique. Équipée de canapés, la salle de projection propose, la majeure partie du temps, des plans sur des instruments en l’attente d’artistes, dans un espace vide. Mais dès que l’invité arrive, l’écran s’anime ; concerts, lectures et performances, filmés à la manière des hold-up, sont alors retransmis en direct.
Le King n’est plus qu’une silhouette
Également sous le préau du Forum, l’espace est inaccessible, plongé dans la pénombre. Au sol, un phare de fortune éclaire de son halo circulaire rotatif, trente-trois fois par minute, un portrait d’Elvis Presley doré à la feuille Ferrero Rocher. Cette image est inspirée d’une pochette d’album, le premier d’Elvis à avoir connu un grand succès. Mais ici, le King n’est plus qu’une silhouette, sans main ni visage, nommée « l’ambassadeur ». À savoir, pour Arnaud Maguet : celui par lequel une musique confidentielle réussit à toucher un large public.
Fear of the black planet
Des transistors-satellites sont en orbite autour d’une sphère de lumière noire. Par-dessus des sons synthétiques planants, des noms d’activistes noirs américains sont scandés. Fear of the black planet est le titre d’un album du groupe de hip-hop américain Public Enemy sorti en 1990. Ironique, ce titre associe les noirs aux extraterrestres. Arnaud Maguet se réfère ici au concept d’Afro-Futurisme. Mis en œuvre par plusieurs artistes et critiques dans la seconde moitié du 20ème siècle, ce concept opposé à celui d’Afro-Centrisme permet de faire le lien entre technologie et racines, musiques nouvelles et musiques traditionnelles. Politique, il favorise le rapprochement entre l’un des mythes chers à la science fiction (le rapt d’humains par des aliens) et l’histoire du peuple africain (l’arrachement à la terre par les esclavagistes).
Programme
jeudi 13 octobre: Hifiklub & Arnaud Maguet (karaoke noise + concert rock moderne)
vendredi 14 octobre: Olivier Cadiot (lecture performance)
samedi 15 octobre: I Apologize (Jean-Luc Verna, Pascal Marius & Gauthier Tassart) (concert cabaret électronique)
dimanche 16 octobre: Vincent Epplay, David Fenech & Jac Berrocal (concert jazz expérimental)
lundi 17 octobre: Jean-Marc Montera & Jean-François Pauvros (concert improvisation guitare)
mardi 18 octobre: FERMÉ
mercredi 19 octobre: Jérôme Poret (concert drone doom)
jeudi 20 octobre: Arnaud Guy (performance)
vendredi 21 octobre: Hifiklub & Arnaud Maguet (karaoke noise + concert rock moderne)
samedi 22 octobre: Baron Oufo (Eddie Ladoire & Jérôme Alban) (concert drone rock)
dimanche 23 octobre: 10LEC6 (concert disco punk)
lundi 24 octobre: Les Valseuses (concert rock)
mardi 25 octobre: FERMÉ
mercredi 26 octobre: Anna Byskov / Arnaud Labelle-Rojoux (performances)
jeudi 27 octobre: Christian Vialard (concert expérimental électronique)
vendredi 28 octobre: The Bells Angels (Simon Bernheim & Julien Sirjacq) + guests (pièce radiophonique live à propos de l’exposition «Le Temps de l’écoute», Villa Arson Nice)
samedi 29 octobre: SPLITt (Jacques Julien & Hughes Reip) (concert rock lo-fi) + sortie du disque Collection Amplifiée (avec le Musée Départemental d’art contemporain de Rochechouart)
dimanche 30 octobre: Bader Motor (Fred « Electronicat » Bigot, Vincent Epplay & Arnaud Maguet) (concert riviera krautrock)
Forum, entrée libre et gratuite.