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303 n° 100

Le centième numéro de la revue culturelle des Pays de la Loire est consacrée au patrimoine de la région, avec des articles consacrés notamment aux chantiers navals, aux édifices protégés, à Julien Gracq ou à la culture orale.

Information

  • @2008
  • 2—
  • \15 €€
  • E160
  • Zoui
  • 4Français
  • }22,5 L - 30 H

Présentation
Sous la direction de Thierry Guidet
303 n° 100

Ce centième numéro est l’occasion de revenir sur la notion de patrimoine, chère à 303. Patrimoine(s) écrit au pluriel parce que le patrimoine est multiple : historique, industriel, naturel, social, écrit, chanté… Mais aussi parce que la définition du patrimoine tend à s’élargir depuis quelques décennies à toutes sortes de réalités, pourvu qu’elles soient jugées dignes d’intérêt par tel ou tel groupe social.

Cette parution est également l’occasion de s’interroger sur les motivations qui poussent notre société à sauvegarder, à transmettre et à mettre en valeur les différentes formes de patrimoine, notamment locales, dans une région des Pays de la Loire qui en est très richement dotée.

Extraits de «Patrimoines», préface de Thierry Guidet

«Et si, en ces temps de conscience aiguë de la précarité du monde, le terme de « conservateur » redevenait acceptable ? Conservateur du patrimoine, des monuments historiques, des grues qui hérissent le ciel du port de Nantes, des chansons qui courent les rues, des manoirs de tuffeau, des églises, des moulins, des marais salants, conservateur des mémoires et des cadastres, des gestes et des noms. […]

On ne s’étonnera donc pas que le numéro 100 de cette revue soit consacré au patrimoine, aux patrimoines. Le pluriel n’est pas une coquetterie, juste la prise en compte de la formidable extension d’une notion qui en dit long sur les mutations de notre société. L’historien Pierre Nora, l’inventeur des « lieux de mémoire », l’a noté : en 1970, pour le Larousse, le patrimoine était tout bonnement « l’ensemble des biens à caractère pécuniaire d’une personne, le bien qui vient du père et de la mère ». 1970, c’est l’année où, sans trop d’états dâme, on rase les Halles de Baltard, au cœur de Paris. Une décennie plus tard, on ouvre le musée d’Orsay dans une ancienne gare ; on proclame une année du Patrimoine ; on crée, au sein du ministère de la Culture, une direction du Patrimoine ; le Robert donne alors, comme premier sens à « patrimoine », « la propriété transmise par les ancêtres » et parle du « patrimoine culturel d’un pays ». Les dictionnaires sont de très précis sismographes des frémissements de notre conception du monde. En dix ans, notre rapport au passé, et donc au présent, avait basculé.

Longtemps, le patrimoine fut affaire d’esthètes et d’érudits. Il reste, bien sûr, un objet de recherche pour les savants, mais il est aussi devenu une préoccupation de promeneurs du dimanche, de militants associatifs, d’élus municipaux. Le patrimoine est devenu un enjeu politique puisqu’il fonde en partie les identités collectives, qu’il réactive le désir de vivre — ou de ne pas vivre — ensemble. Le patrimoine est devenu un enjeu économique : sa protection a un coût ; sa mise en valeur permet d’espérer de substantiels bénéfices à l’époque du tourisme de masse. Il est, en une période de discordance des temps, devenu un enjeu symbolique : de quelles mémoires avons-nous le droit et le devoir ?»

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