par Elodie Palasse-Leroux
Les acheteurs des quatre coins du monde se sont pressés (Sotheby’s avance le nombre de 230 acheteurs enregistrés, sur place ou au téléphone).
Interrogée, Joanna Vickery, directrice du département d’art russe, s’est déclarée ravie des résultats, nettement supérieurs aux estimations. La tendance s’affine : les acheteurs (au mois de mai dernier, entre 75 et 80% des lots ont été emportés par des clients russes) vont de plus en plus vers les objets de grande qualité, sont de plus en plus exigeants et connaisseurs.
Six records ont été atteints, et seulement deux lots ont été ravalés.
Plus de deux millions de dollars par vase
Parmi les highlights de la vente, une paire de vases de porcelaine, de provenance impériale (datés de 1830), a déclenché une rude bataille entre trois enchérisseurs.
Un silence lourd de tension s’est installé dans la salle tandis que les chiffres s’envolaient, au cours d’une joute en règle qui a duré plusieurs minutes (un traitement uniquement réservé aux lots les plus convoités, comme le savent les habitués des salles de ventes).
Un tonnerre d’applaudissement a salué le coup de marteau final, et l’heureux «gagnant», qui a souhaité conserver l’anonymat, a dû débourser près de 2,25 millions de livres (soient plus de 4, 3 millions de dollars).
Un tableau d’Alexander Evgenievich Yakovlev (1887-1938), Three Women in a Box at the Theatre (trios femmes dans une loge au théâtre), exécuté en 1918, a atteint la somme record de 1 016 000 de livres sterling, triplant ainsi son estimation.
Un marché russe désormais mûr
Le département d’art russe, qui a sans nul doute le vent en poupe, peut s’enorgueillir d’un résultat de près de 150 millions de dollars pour cette seule année chez Sotheby’s (148 895 702 dollars précisément), soit une augmentation d’environ 27% par rapport aux chiffres annoncés l’année précédente.
Sotheby’s s’apprête à ouvrir un bureau de représentation à Moscou. Joanna Vickery déclarait à la presse, à l’issue de la vente de mai «nous avons en Russie des projets à long terme qui permettront de promouvoir nos activités dans ce pays avec conséquence et sans soubresauts».
L’histoire d’amour entre la maison anglaise et l’art russe est bien ancré ; la première vente russe de l’Auctioneer remonte en effet à 1895 !
Rien d’étonnant donc, avec une telle expertise, dans les chiffres obtenus par le département : 38 millions de livres sterling en 2005 pour le seul Royaume Uni, et 56 millions de livres pour le résultat global, tous pays confondus.
Le classement officiel pour 2005 donnait l’art russe en sixième position du classement des ventes de la maison (après les impressionnistes, l’art moderne, les tableaux anciens, l’orfèvrerie et l’art chinois). Une belle progression pour cette discipline qui n’atteignait en 2003 que le 26e rang, avant de grimper au 12e en 2004.