Lars Tunbjörk
3 séries: I love Böras. Office. Vinter
Le Château d’Eau a choisi de déployer sur ses cimaises trois ensembles qui marquent l’œuvre de ce photographe : «I love Böras» (1989/1996), «Office» (1997/1999) et «Vinter» (années 2000).
Des ensembles de propositions plastiques et de modes de présentations variés, qui, du plus ancien au plus récent, soulignent l’engagement politique et la cohérence esthétique d’un auteur ayant mis la couleur au cœur de son processus créatif.
«I love Böras», est constitué d’images choisies dans un corpus principalement réalisé dans sa ville natale, Böras, une ville moyenne au Sud-Est de la Suède qui survit au milieu de la forêt. On tue son ennui en luttant dans la boue à la fête du quartier, en remplissant son caddy au supermarché, en cultivant son embonpoint au fast-food du coin ou en draguant au coin d’un aqualand en déshérence.
Dans des décors banals Tunbörg nous entraîne dans sa perception du monde, caméra au point et flash au point il déclenche comme dans un grand éclat de rire. Sans pour autant se départir d’une certaine empathie envers ses concitoyens, avec ses cadrages bancals et chargés, ses couleurs éclatantes, il décrit un monde désenchanté où le ridicule rivalise avec un consumérisme galopant.
La mise en vue elle-même, qu’il a voulu comme jetée, mur d’images punaisées, renforce l’idée qu’il met un coup de pied dans la fourmilière.
Avec «Office», il explore l’univers du travail contemporain dans les bureaux en Suède, Etats-Unis et Japon.
Le flash est toujours son allié et il alterne détails et plans larges mais son écriture visuelle se dépouille, la couleur s’apaise. Il adopte un point de vue généralement central comme dans une forme de neutralité, mais dénonçant, l’air de rien des situations de travail aussi absurdes que cauchemardesques.
«Vinter» est son plus récent opus, il a parcouru la Suède pendant trois ans, en hiver, où son regard conditionné par sa perception de la solitude s’est davantage tourné vers les déprimes hivernales scandinaves. Il nous entraîne loin des clichés de paysages de neige immaculée, d’intérieurs «cosy» et propres de gens qu’on imaginait rompus à cet exercice annuel de saison noire et longue, enferrés dans une attente passive et tranquille.
Le kitch et l’incongru des situations, l’attente et la lutte pour repousser la lassitude, restent ses motifs de prédilection, mais des images aux tons tristes et sales côtoient désormais celles aux teintes acidulées, il traduit ainsi la lenteur d’un hiver qui n’en peut plus de ne pas finir.
C’est donc avec un sens profond de la couleur et toute l’ironie mordante qui caractérise son regard que Lars Tunbjörk construit une œuvre singulière et qu’il dresse le portrait de ses contemporains en mettant en forme les cohérences et les incohérences de la société dans laquelle nous vivons.
Lars Tunbjörk est né en 1956 à Boras, en Suède. Il vit à Stockholm. Adolescent , il découvre les photos du livre Poste restante de son compatriote Christer Strömholm. Il rêve de devenir photographe et décroche un stage au journal local Borås Tidning avant de s’y faire engager.
En 1982, il débute au quotidien Stockholms-Tidningen et influence, fortement et en peu de temps, le photo-journalisme de son pays. Indépendant à partir de 1984, son style photographique devient vite une référence, d’abord en Suède, puis à l’étranger dès la publication en 1993 du livre Landet utom sig/The Country beside itself.
Lars Tunbjörk travaille aujourd’hui sur des projets personnels mais aussi pour de grands titres de la presse internationale tels que The New York Time Magazine, Le Monde 2, Libération, Dagens Nyheter, et des agences de publicité.
Exposition présentée en collaboration avec la Galerie VU
— Au pied des cimaises
Visite commentée de l’exposition en présence de l’artiste
Vendredi 18 janvier 2013 Ã 18h.