ÉCHOS
01 Jan 2002

29.01.06. Décès de Nam June Paik, pionnier de l’art vidéo.

L’artiste coréen Nam June Paik, considéré comme l’inventeur de l’art vidéo, est mort dimanche 29 janvier à son domicile de Miami, en Floride. Il était âgé de 73 ans.

Né le 20 juin 1932 à Séoul dans une famille d’industriels, Nam June Paik quitte la Corée en guerre en 1950 et poursuit à Tokyo des études d’esthétique et de pratique musicale entamées à Séoul cinq ans plus tôt.

En 1958, à Darmstadt, en Allemagne, il rencontre John Cage et David Tudor, qui fonderont en 1961 le groupe néodada Fluxus. Il participe à l’exposition inaugurale à Wiesbaden aux côtés de Beuys, John Cage, Wolf Vostell et George Maciunas.

De formation musicale, Nam June Paik est considéré comme l’inventeur de l’art vidéo. Pourtant, Paik n’est pas un vidéaste. Savant bricoleur et technicien, il utilise de façon détournée la télévision, pièce maîtresse de ses œuvres, souvent provocantes, souvent critiques en regard des habitudes de consommation visuelle, à une époque où la télévision apparaît d’ores et déjà comme un média dominant.

En mars 1963, il expose Distorted TV, à la galerie Parnass de Wuppertal : treize téléviseurs diffusent le même programme dans treize versions différentes, chacune ayant subi une déformation par électro-aimantation. Branchés sur des magnétophones, ils diffusent des images brouillées, parasitées.
Il réalise d’autres installations et sculptures vidéo comme TV Clock (1963) ou Moon is the Oldest TV (1965).

En 1964, à New-York, il fait la rencontre de Charlotte Moorman, violoncelliste, qui deviendra par la suite sa meilleure complice. En 1967, ils présentent leur Opéra sextronique, qui leur vaut un procès pour outrage public à la pudeur: Paik se transforme en violoncelle humain, sur lequel la musicienne Charlotte Moorman passe son archet.
Une consonance sensuelle, voire érotique, qui n’est pas sans rappeler TV-Bra, TV-Bed ou TV-Cello, œuvres conçues pour Charlotte Moorman, qui, déjà, évoquent le voyeurisme télévisuel. Une «télé-réalité» avant l’heure.

L’une des pièces significatives de l’artiste, TV Garden, apparaît en 1974 : un jardin japonais à échelle américaine dans lequel sont dispersés des téléviseurs diffusant chacun leur programme enregistré, volé, mixé par Paik, au milieu des plantes. Le jardin-télé se déplacera de la Dokumenta de Cassel (1977) à Beaubourg (1978), pour devenir le clou de la rétrospective Paik au Whitney Museum de New York, en 1982.

Il aura donné son dernier grand spectacle en 2001, au Musée Guggenheim de Bilbao.

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