Le principe est simple : le Pour-cent culturel représente 1% du volume des ventes de gros de la Fédération des coopératives Migros, les coopératives régionales y affectant 0,5% de ce même volume. Depuis sa création en 1957, cette manne soutient des actions à but culturel et social. L’originalité de cette démarche, outre sa précocité dans le monde du mécénat, réside dans l’inscription de ce principe au sein du statut de l’entreprise comme objectif à atteindre au même titre que les objectifs économiques. Le Pour-cent culturel fut imposé par le fondateur du groupe Migros, le philanthrope Gottlieb Dutweiler.
Concrètement, c’est 22% du Pour-cent culturel qui est consacré à l’art chaque année. Des organismes reçoivent son soutien, tels que le bureau de la culture, le magazine artistique Material, le label musical Coffee. Ce sont aussi des manifestations réalisées grâce à cette aide financière, comme le célèbre festival de danse Steps. C’est surtout un engagement massif et courageux pour l’art contemporain, à travers des bourses, des concours, des aides à la production, à la formation. L’ancien hospice des pèlerins, à Romainmôtier, accueille les artistes désireux de poursuivre leur travail en dehors de toute contrainte de production. Quant aux écoles-clubs, elles assurent un rôle de formation des adultes.
Enfin, le Musée Migros, situé au sein du quartier artistique de Zurich, offre une plate-forme pour l’art contemporain d’envergure. Expositions collectives, individuelles, travaux de jeunes artistes, actifs au plan international, proposent une vision globale de l’art actuel. La collection du musée, constituée dans les années 70 et axée depuis sur l’art vidéo et les installations, complète ce panel d’artistes représentés au sein du musée.
Certains esprits critiques pourraient avancer, parfois à raison, que cette façade philanthropique voile une stratégie marketing extrêmement bien conduite. Mais c’est oublier que le Pour-cent culturel est distinct de la politique publicitaire menée par l’entreprise localement. Le groupe sépare en effet sponsoring et soutien et n’utilise donc pas le Pour-cent culturel comme outil marketing. Voilà un exemple d’entreprise citoyenne. Dommage qu’elle n’existe qu’en Suisse.
Carole Boyer.
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