La programmation « 25 Arts Seconde » du Centre Wallonie-Bruxelles met au cœur de la réflexion le médium cinématographique. Elle se compose de deux volets : la projection en cinéma d’une douzaine de films et l’exposition en galerie de huit œuvres vidéos. Les œuvres exposées prennent la forme de courts-métrages, d’installations ou de clips vidéos.
« 25 Arts Seconde » : une intimité au bord du précipice
Parmi les œuvres exposées au Centre Wallonie-Bruxelles, on trouve des portraits vidéos intimistes, qui s’insinuent dans les fragilités des individus pour exposer les fêlures de la société qui les entoure. Never Look At The Sun (2019) de l’artiste Baloji montre une femme à la peau noire s’observer dans le miroir. Une multitude de produits destinés à éclaircir la peau lui fait face, alors qu’elle enfile un gant de dentelle blanc. Le réalisateur explore ainsi la pratique du blanchiment de peau qui existe dans les communautés noires et l’omniprésence des standards de beauté européens.
L’installation vidéo d’Ethel Lilienfeld, Entre Rita et mes yeux, un lit de porcelaine (2020), plonge le spectateur dans la tristesse d’une femme blanche, dont les larmes laiteuses, symboles de la maternité, rappellent la Mater dolorosa. Ses sanglots forment une flaque au sol du lieu d’exposition, baignant dans du lait le trépied qui maintient l’écran et le câble électrique qui lui permet de fonctionner. Le dispositif renforce le sentiment de vulnérabilité qui émane de la vidéo.
« 25 Arts Seconde » : dévastation et préservation de la nature
Les préoccupations environnementales de notre époque transparaissent dans l’exposition « 25 Arts Seconde ». Armand Morin dessine une perspective pessimiste et mélancolique dans son court-métrage Les oiseaux (2019). Passant en revue des sols rendus stériles et des sites d’exploitations de ressources naturelles, l’œuvre interroge la fuite de l’humain face à ses responsabilités.
L’œuvre The Inmost Cell (2020) d’Eva L’Hoest explore quant à elle les ruines inondées par la création du barrage de Riga en Lettonie. A travers des mouvements de caméra fluides et lents, elle capture ces lieux perdus de la culture lettone, tout en ravivant les mythes traditionnels associés à la rivière de Daugava. Une note d’espoir surgit dans le court-métrage Solar Echoes (2019) de Mathilde Lavenne. L’artiste filme l’impressionnante architecture d’une centrale thermo-solaire comme s’il s’agissait d’un sanctuaire du XXIe siècle.
« 25 Arts Seconde » : résurgence du temps passé et sauvegarde du temps présent
L’installation Spicy de Mehdi-Georges Lahlou se compose de quatre vidéos, qui tournent sur quatre écrans différents et qui portent respectivement le nom d’une épice : « Turmeric » (le curcuma) ; « Cinnamon » (la cannelle) ; « Ginger » (le gingembre) ; et « Henna » (le henné). Dans chaque vidéo, l’artiste est submergé par un nuage d’épice coloré. En détournant l’usage de ces condiments, il rend hommage aux soldats de la Première Guerre Mondiale assaillis par le gaz moutarde, notamment à ceux de la Division Marocaine et du Régiment des Zouaves, qui en furent les premières victimes. Il s’agit donc de faire œuvre de mémoire, tout particulièrement sur la participation des peuples colonisés dans la guerre.
Le court-métrage Tonsorial Heritage (2018) de Daniel A. Swarthnas capture quant à lui l’ambiance d’un salon de coiffure à Brooklyn, où se croise une multitude de gens issus d’origines différentes. L’artiste rend hommage à la banalité presque atemporelle du quotidien. En contraste avec la douceur contemplative de Tonsorial Heritage, l’artiste reconstitue dans Dead End (2021) l’atmosphère parfois chaotique et bruyante de New York, à travers un style fragmentaire et saccadé.