Pour ne pas faillir à la tradition de la nouvelle année, l’heure est au bilan : ici celui du mécénat culturel. Depuis la publication de la loi du 1er août 2003 sur le mécénat culturel, des tendances s’esquissent, confirmées par le ministère de la Culture.
Selon ce dernier, «le mécénat aurait augmenté de 20% depuis la loi, avec une multiplication par trois du nombre de fondations créées et par trois et demi du nombre de trésors nationaux acquis» (JDA, n°228).
Ainsi, les entreprises recourent à la forme juridique de la fondation d’entreprise pour mener à bien une politique de mécénat. L’intérêt pour les entreprises d’une telle fondation est qu’elle repose sur le principe d’un engagement financier pluriannuel et non sur la constitution d’un capital.
Deuxième tendance, les grands musées français sont les principaux bénéficiaires de cette loi : au Musée du Louvre, le mécénat représente 7% des ressources annuelles de son fonctionnement. Les trésors nationaux acquis cette année sont venus enrichir les collections de ces musées, comme La Vestale de Jean Antoine Houdon ou La Madone Hesselin de Simone Vouet au Musée du Louvre.
Troisième tendance: les PME se lancent dans la course au mécénat. D’après le ministère de la Culture, «sur un panel de deux mille entreprises, 30% du mécénat culturel provient d’entreprises de moins de cent salariés, le chiffre était de 15% il y a deux ans, toutes causes confondues».
Les PME contournent l’obstacle du coût financier d’une politique de mécénat en développant des formes collectives de mécénat, à l’image de l’association Mécènes de Bretagne ou Mécènes du Sud, évoquée lors d’actualités précédentes au sein de cette rubrique.
Ce visage optimiste ne doit cependant pas occulter les failles de ce système.
La participation des PME reste faible malgré tout. Seulement une sur huit mille recourt au mécénat, contre une sur huit en Suisse. Les particuliers sont les grands absents du mécénat. L’art contemporain est le mal aimé des mécènes, peu nombreux à le soutenir.
Au-delà de quelques prix récompensant la photographie ou l’art numérique, les mécènes la Fondation Cartier pour l’art contemporain et l’espace Paul-Ricard font figure de cavaliers solitaires. Paradoxalement, les artistes ne bénéficient pas actuellement du mécénat, alors que l’image du mécène reste celle d’une personne protégeant artistes et écrivains en les aidant financièrement.
Entre désengagement de l’Etat, dont le faible budget consacré à la culture témoigne, et un mécénat institutionnel, frileux des valeurs véhiculées par notre époque, c’est un bilan en demi-teinte qui s’impose.
Carole Boyer