Du 1er au 10 juin 2012 se tenait la Xe édition du «Printemps des arts» au palais Abdellia, situé à la Marsa près de Tunis. Tout s’est déroulé sans encombre jusqu’au dernier jour de l’exposition collective.
Le dimanche 10 juin, un petit de groupe de salafistes demande à ce que les organisateurs retirent quelques tableaux jugés blasphématoires et contraires aux bonnes mœurs (la caricature d’un homme barbu, une installation de bustes de femmes lapidées, etc.). Les artistes et les galeristes refusent bien évidemment de se soumettre à cette requête.
Dans la nuit, quelques salafistes parviennent alors à pénétrer dans le palais Abdellia, taguent les murs — traitant les créateurs de mécréants —, et finissent par lacérer une dizaine d’œuvres.
Le lendemain 11 juin, les incitations à la haine et au meurtre se répandent sur internet, notamment sur les pages Facebook tenues par des salafistes extrémistes.
Le Ministre des Affaires religieuses, Nourredine El Khadhemi — qui n’a pas vu l’exposition —, condamne à son tour les artistes, coupables, dit-il, d’avoir porté atteinte à l’Islam.
Mardi 12 juin, le Ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, décide de fermer le palais Abdellia et de porter plainte contre les organisateurs de l’exposition. A la radio, une liste d’artistes à assassiner est largement diffusée.
Samedi 16 juin, enfin!, le Président tunisien Moncef Marzouki réprouve les attaques et menaces de mort faites aux artistes. Mais le mal est déjà fait.
Livrés à la vindicte populaire, les 21 créateurs ayant participé au «Printemps des arts» — notamment les femmes — sont désormais harcelés nuit et jour via les réseaux sociaux, appels téléphoniques et SMS, au point que certains d’entre eux ont été contraints de quitter la Tunisie.
Moez Mrabet, membre du Comité tunisien pour la Défense de l’Art et de la Culture, affirme justement qu’«une dénonciation internationale la plus vigoureuse possible, qui pourrait être adressée [au] gouvernement [tunisien] et qui circulerait à travers la presse et le Net, représenterait un désaveu extraordinaire qui obligerait à préserver les libertés de conscience, de création, d’expression et la vie des artistes».
— Pétition à signer pour soutenir les artistes tunisiens