Pour organiser une manifestation d’art contemporain, disposer d’un lieu prestigieux ou ultra-moderne n’est pas obligatoire. Preuve en est la triennale d’Echigo-Tsumari qui, depuis 6 ans, transforme peu à peu la commune de Tokamachi et ses environs en cité artistique. Située à deux heures de Tokyo, la région de Niigata est faite de villages pauvres, ravagés par les séismes, la neige, et le mépris du pouvoir central. C’est dans un espoir d’un renouveau économique et démographique qu’elle accueille en son sein des expositions temporaires et des créations pérennes.
La triennale donne ainsi une nouvelle visée à la scène contemporaine. Les champs, jardins, écoles et maisons abandonnées sont réaménagés dans un but social, et non plus seulement artistique. Ainsi la maison de lumière de James Turell ou celle consacrée aux rêves par Marina Abramovic côtoient des oeuvres plus pragmatiques comme l’abribus créé par un artiste espagnol. Sur un espace défini de 760 km2, l’art répond directement à des besoins spécifiques, et contribue ainsi à résoudre certains problèmes sociaux. Des collaborations font également entrer en jeu l’artisanat local et lui offrent un nouveau souffle. Nul utopiste pourtant parmi les organisateurs qui avouent avoir eu certaines difficultés à dépasser la réticence de certains villageois et la condescendance de certains artistes.
Ce nouveau socialisme interroge par ailleurs en miroir la France sur son manque d’ouverture. Alors qu’elle présente certaines lacunes en matière d’art social, les artistes français forment la délégation étrangère la plus nombreuse et réalisent des oeuvres importantes (la scène de Nô de Dominique Perrault, le musée de Christian Boltanski et Jean Kalman, le café-culture de Jean-Luc Vilmouth…). Assouvissent-ils ailleurs un désir dont ils ne trouvent pas les conditions de réalisations dans leur pays ?
Triennale d’Echigo-Tsumari, 23 juillet-10 septembre
Site : www.echigo-tsumari.jp
Par Pascaline Vallée
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