Selon une étude commandée par le ministère de la Culture à Françoise Benhamou et Dominique Sagot-Duvauroux pour Département des études et de la prospective, 16 000 artistes à Paris cotisaient à la Sécurité Sociale en 1999. Trois ans plus tard, «ils étaient, selon la Maison des artistes, qui gère leurs assurances sociales, plus de 22 000, un chiffre auquel il convient d’ajouter plus de 5 000 impétrants qui ne cotisaient pas encore mais s’étaient inscrits» (Le Monde, 19 sept. 2003).
Cette augmentation indique mal combien la situation économique des artistes se dégrade, la plupart étant obligés d’exercer une profession parallèlement à leur activité artistique, ou d’accepter des petits boulots pour faire face à des fins de mois souvent difficiles. Les plus chanceux obtiennent un poste d’enseignant dans une école d’art, quand d’autres doivent s’inscrire au RMI.
Les Frac (Fonds régionaux d’art contemporain) que Jack Lang crée en 1982 dans le cadre d’une politique de décentralisation, devaient contribuer à faire face à cette précarité. Bien qu’ils aient acquis depuis vingt ans 15 000 œuvres de 2 700 artistes, leurs méthodes beaucoup trop opaques ne satisfont pas tout le monde.
Plusieurs débats des Rencontres de La Villette tournent autour de la transparence de ces procédures. Selon Fred Forest qui les anime, «les institutions culturelles doivent les premières jouer la transparence vis-à -vis du citoyen comme vis-à -vis des artistes. Transparence sur l’utilisation des fonds publics, transparence sur l’attribution des bourses et subventions, transparence sur le fonctionnement des nominations aux postes et aux fonctions de responsabilité à tous les niveaux… Ce sont là les conditions mêmes d’un fonctionnement sain et démocratique. Il appartient aux artistes, qui sont en ce domaine les véritables producteurs de biens, d’exiger que cette transparence soit strictement appliquée» (Le Monde, 17 sept. 2003, propos recueillis par Harry Bellet).