2001 – 2011: Soudain, déjÃ
2001 – 2011: Soudain, déjà présente les oeuvres de jeunes artistes ayant fréquenté l’École nationale supérieure des beaux-arts au cours de la décennie 2001-2011. Rétrospective sélective d’une génération pas comme les autres. D’abord parce qu’elle est symboliquement la première du vingt-et-unième siècle. A ce titre, elle assume, à son corps défendant, une mission héroïque: l’entrée dans un nouveau siècle de création. Celui du fameux an 2000, un changement de millénaire longtemps objet de projections et de fantasmes, entre crainte et espoirs. Ensuite parce qu’elle débute avec l’événement majeur d’une nouvelle ère, les attentats du 11 septembre 2001, qui ont bouleversé l’ordre du monde, d’une façon qu’on est encore incapable de mesurer. Certes, l’art n’entend pas refléter systématiquement un contexte historique, tant il reste insoumis à toute détermination extérieure, a fortiori symbolique.
Néanmoins, tous ces jeunes artistes ont étudié, amorcé, construit et forgé une oeuvre inscrite à l’intérieur d’une fascinante mondialisation: celle d’Internet, des cartes géopolitiques rebattues, de l’incertitude et de la fin définitive des utopies dans le monde occidental. Celle des greffes de visage, de l’explosion des neurosciences, des biennales d’art contemporain, de la guerre d’Irak, de l’écologie. Celle du retour refoulé des avant-gardes, des outils de production à la portée de tous ou encore du partage du savoir. L’exposition 2001 – 2011: soudain, déjà présente une sélection de 30 artistes issus de l’école depuis 2000, en les mettant en parallèle avec les grands événements de cette décennie. Ce faisant, il ne s’agit pas d’illustrer l’actualité par les oeuvres, mais plutôt de mesurer l’écart, la position déviante ou alternative que peut prendre l’art par rapport à des contextes et des événements. Observer comment il les dépasse, les affronte, les esquive ou les transforme. Comment il les éclaire ou les complexifie. Deux histoires parallèles, dont les liens peuvent être d’affinités, d’accidents, de coïncidences et de chocs visuels et thématiques. C’est donc une ligne chronologique qui constitue le fil de cette exposition. Une ligne fixe sur laquelle viennent s’associer librement les travaux des artistes, dont certains sont en devenir, d’autres déjà bien reconnus.
S’il est toujours difficile d’avoir du recul sur une génération contemporaine et de dégager des lignes directrices, l’exposition entend éviter cet écueil. Elle place délibérément et exagérément cette génération dans son temps, au centre d’un réseau de faits et de situations contemporains. Non pas tant pour créer des liens que pour souligner des tensions. Proposer des lectures alternatives du monde par l’art, et, pourquoi pas, de l’art par le monde. Quoique cette exposition soit plus une perspective qu’un bilan, elle est également l’occasion de saluer l’action d’Henry-Claude Cousseau à la tête de l’Ecole durant la même décennie et les importantes réformes et évolutions que l’institution a connues au cours de cette intense période, visant l’ouverture sur le monde, l’internationalisation et sa modernisation.